- Petit homme à l’allure bonhomme, il déambule dans son espace chaque matin. Au milieu des arbres en fleurs, des salades, au bord de son étang, dans sa serre. Il laboure, cultive, plante et offre aux voisins les plants trop nombreux qui ne trouvent pas leur place dans son jardin.
- Elle est rentrée, la tête pleine de projets, tout c’est arrêté. Alors, elle coud des petits carrés qu’elle transforme en objets utiles ou inutiles, elle ne sait pas. Elle lit et pleure à la fin du roman, écrit de la poésie, chante en se promenant seule sur les chemins autorisés et décide ce matin de manger cru.
- Debout à 15h, il pointe son nez, fait un tour et remonte dans son antre retrouvant le jeu démarré en ligne au début du confinement. Descend déjeuner et repart continuer, le soir venu, le diner englouti jouera jusqu’à trois heures du matin. Le cycle peut recommencer.
- Parti chaque jour travaillé, non confiné, pas un soignant, directeur d’établissement, gestion du confinement avec des résidents en situation de handicap mental. Gérer, protéger, empêcher, remplacer, soutenir, trouver, aider, combler, encadrer, isoler… Ce matin couché le virus l’a rattrapé, obligé de s’arrêter.
- Un promeneur passe dans ma rue, allure soutenue, bâton à la main, un enfant à ses côté, ils sont si nombreux d’habitude.
- Je l’imagine dans sa cuisine comme chaque jour depuis 20 ans, il prépare leur repas, occupation quotidienne qui le tient, le maintient debout, les courses sont livrées, la sieste au soleil lui permet de respirer
- Avant je lui téléphonais le dimanche, aujourd’hui je prends de ses nouvelles tous les deux jours sans doute vais je continuer ensuite pour son plus grand bonheur et le mien.
- Je l’entends parler, une langue étrangère, un écrin de verdure nous sépare. Elle n’est plus repartie travailler comme chaque matin depuis des années dans le pays voisin à la frontière du mien. Chaque jour, à distance raisonnable, nous échangeons quelques mots
- Je lis ses textes sur son blog. Les derniers sur sa « petite mère » m’ont touchée, elle pourrait en faire un livre, m’a fait penser à celui de Paulette Fleutiaux, Des phrases courtes, ma chérie, elle a fait renaitre en moi le désir de continuer à écrire, explorer sans savoir où les mots nous mènent…
- Le promeneur repasse, retourne chez lui sans doute, un kilomètre autour de chez soi, ce n’est pas long.
- Quel sera mon dernier personnage, celui qui restera en suspend, il y en aurait tant d’autres…