Celle qui ne pouvait plus plier qu’une jambe sur deux et qui chantait, le gros chat roux dans les mains, toute campée chaise. Celle, les pieds sombres, qui dit « je suis née la bas », et qui bouge les meubles tous les trois jours, d’être désormais ici, et ça lui convient chaque fois pas. Celle, je crois, qui est devenue celle-là, d’avoir un jour rencontré celui à vélo et torse nu, qui roulait amis dans la campagne engourdie, et qui le lui avait écrit: nous avons roulé dans une campagne merveilleusement engourdie. Celle-moi, qui ai tout lu, des lettres d’elle à lui, des mots de lui pour elle. Celle de peut-être Séville, chignon bas et châle fin. Celle des cordelières et clarisses, qui raclait la motte de beurre pour le plus long et le moins de pêché, et qui priait celui-Là pour nous, et qui aussi l’écrivait: je prie pour vous. Celles des grottes. Celles des nuits dans les grottes. Celles de brandir un gourdin. Celles qui ont tenu tête contre sein et qui à la fin ont tenu leur sein, dans courir et chasser. Celles de Constantinople et celles de la prise de Constantinople. Celles des petites maracas des genoux aux flancs maigres des chevaux. Celles qui, avec les étoiles, se sont demandé, ce qu’on fait sur terre et pourquoi. Celle, la petite algue bleue, dont paraît-il on viendra, toutes celles-nous, milliards après et avec nos cellules de plusieurs syllabes et pas l’un seul mot de juste « laviesurterre ».
J’aime beaucoup, pour ma part, la randonnée à vélo par la campagne merveilleusement engourdie. Et le « Celle, je crois, qui est devenue celle-là ».
oui pour la campagne engourdie mais pas que… merci
Toutes ces celles-qui – celle-moi, celles-nous, celles qu’on est certaine d’avoir croisées, celles qu’on voudrait avoir croisées, qui hantent toujours les grottes… quel plaisir de flotter parmi toutes les vôtres !
J’aime beaucoup la façon de dire toutes celles là qui