
OPALKA 1965/1 – ∞ ∞Après dix années de recherches, Roman Opalka conçoit, en 1965, le projet – qui se confond désormais avec celui de sa vie – de représenter en peinture, art de l’espace, l’écoulement inexorable du temps ∞∞
Moment difficile – Si éprouvant – creusant un désarroi sans nom et sans retour – avant/après infranchissables désormais – repères dilués, perdus, effacés – souffrance silencieuse croissante, envahissante – jamais plus.
Moment poétique – léger, tourbillonnant – comme enivré – léger tournis – le sol, l’air, troubles. Tête et corps désharmonisés, désaccordés – Pieds maladroits, gauches – Le sol, quel sol ? – Ouvrir les ailes plus grand.
Moment unique, singulier – Moments prêt-à-porter au placard – Inconnus, foule, banalité d’un quotidien sans saveur – l’or et la boue dans le même bain – Ritournelle des abandons, des effacements , des effarements. Mentir vrai, en mode commedia dell’arte.
Moment des doutes . Héros et héroïnes sans trace – Impostures réitérées – Faux-semblant – Masques sans expression, lunaires – Des doutes sans ombre – juste là. Légers tremblements.
Moments des temps de vie – Gambader sans but. Collecter ce qui fera expériences . Ne pas se retourner – Ecrire pour ne pas oublier – Oublier quand même – Ecrire mieux.
Moments improvisés – Ne plus rien savoir – Rien – Présent effiloché. Passé aux oubliettes . Futur incertain- Rage de vivre – Réinventer des temps possibles, des inventaires, des chronologies, des trames , des fils narratifs. Et jouer.
Moments rien du tout – La claque, virtuelle mais pas sans conséquence – Ne rien comprendre des excès de langage – des excès de la vie – de nos difficultés à voir, comprendre, ressentir, penser, échanger – mutisme des sens – Être, mais comment ?
Moments précieux – Silence intérieur – un espace à soi – un espace sans borne – Ni confusion, ni dissensus – Calme, paix, sérénité – moment intercalé – moment à soi, pour soi, en soi – cocon invisible.
Moments fourbes – les apparences- les non-dits- les négligences- les « je-sais-tout » – les « j’avais pas vu » – les « ah bon ? » – les surdités programmées – pouvoir et raison, à cloche-pied.
Moment Durassien – Tu n’as jamais rien vu à Hiroshima – le temps des rêveries, tromperies , désirs inachevés – images mentales décalées – persistance de souvenirs inexistants – réitérés – tournent en ronds – encore et encore, inexorablement – tu n’as rien vu à Hiroshima.
Moments mous – mollesse des matins clairs – du temps étiré – prendre le temps qui jamais ne se laisse attraper – ce temps qui file à notre insu – bien au-delà de nous – le train du temps qui jamais ne s’arrête – jamais nous ne prendrons ce temps mais – espoir fugace- peut-être – le prochain – temps ni captif, ni résigné – il passe .
Moments regrets – – Pourquoi ? Pourquoi quoi ? Obsédant à l’infini – Ruminer à nouveau – Lassitude de ne pouvoir couper le fil – Impossibilité à se réinventer – Faire pause – Abattement – Et puis non – Retrouver la vibration intérieure , l’élan créatif – Et hop !
Moments chagrins – Ses yeux si clairs, embués – Disant son chagrin de ne pouvoir être avec nous – Et nous, d’illusions en certitudes, mesurions l’impossible – Plus jamais, se retrouver, se parler – Plus jamais, entendre sa voix grave et chaleureuse – Horizon dilué, horizons fracturés – Le chagrin n’a ni géographie, ni frontière. – Au-delà de nous, nous rendra visite – Liés nous sommes .
Moments atermoiements – Atermoyer n’existe pas – procrastiner existe- une discipline , chaque jour, repousser au lendemain, repousser quelques instants, repousser avec désinvolture, il sera toujours temps – et puis plus temps de repousser quoi que ce soit – les carottes cuites -Trop tard – jouer, réinventer les conditions du possible – addiction illusoire.
Moments sidération – Il semble s’être passé quelque chose d’irrémédiable, mais tu ne sais quoi- tu ne sais pas dire – tu ne sais rien- tu ne sais plus comment articuler quelques paroles – tu ne sais – que fais-tu içi – pourquoi ces regards – pourquoi, tu ne sais, rien- tête, corps, parole, disjonctés
Moments balises – Ecrire les moments-souvenirs- les délicats souvenirs où se confrontent les versions- les moments en rappel, beaucoup d’efforts – les oubliés, seulement en apparence – les inconnus de nos histoires – creuser – et les répétitions lassantes – Il n’est plus l’heure de ressasser, juste repérer.
Codicille : Suis toujours étonnée de l’espèce de désarroi qui me vient en lisant le document d’appui et en écoutant la vidéo . Et malgré tout écrire .
Bonjour Annick, j’aime les titres, comme des introductions à ce qui s’ensuit. Et les mots qui nous emmènent vers des images par la suite. Bonne journée, merci.
Merci Clarence pour ta lecture et tes mots. Belle journée également
J’aime beaucoup
« avant/après infranchissables désormais »
« Le sol, quel sol ? »
« des doutes sans ombres »
grand plaisir à vous lire et je partage absolument ce sentiment de désarroi qui vient en prenant connaissance de lla proposition et ce « malgré tout écrire »
Merci
Merci beaucoup , plaisir partagé de vous lire. Oui, finalement se rendre compte que le désarroi peut être fécond. Et que partager nos écritures est une dynamique vertueuse .Et nos textes s’en ressentent .
Bonne journée à vous.
oui les titres et cette touche d’ironie
Merci à vous
Des « moments prêt-à-porter »… que de portes – d’horizons – s’ouvrent avec tous ces moments
Merci pour votre lecture et pour vos mots Oui, ouvrir les portes et les horizons, un grand sujet pour moi
Coucou Annick,
Un petit passage par ici, dire :
* j’aime le classement que tu fais de ces moments… on pioche, on se fait notre petit monde en partant de tes bribes, ton regard.
* Le ‘moment poétique’, met de la légèreté dans la tête, des rêves.
* ‘Moments improvisés’, me donne envie de mordre la vie à pleines dents.
* ‘Moments regrets’, me parle tant.
Et l’ensemble, beau, juste, sincère… fidèle à ta manière de dire, de voir, montrer.
Merci.
Et merci pour le codicille, il (me) rassure…
Merci pour ton passage , ici même . Un grand plaisir , vraiment ! Partager les belles choses, essentiel. A bientôt