Celui qui accourt, saute la haie, à l’air de danser, imprime son mouvement fait dire : encore ! invoque sa répétition.
Le moment frugal : pommes, poisson, eau de pluie qui fait tenir le jour debout.
Celui à l’eau de vie pour marcher sous l’orage sans chaussures.
Celui de sous-bois à dents de loup pour respirer sa peur.
Le moment très en nuit à persistances rétiniennes avec ombres Insomniaques et pérégrinations cul de jatte, qui ne se raconte pas – enfin pas aujourd’hui.
Le pragmatique qui remplit les sacs et vide l’heure.
Le moment d’une chambre au grand ciel doux avec un peu de vent et le livre où meurt une mère et ce père qui finit par s’acheter des dents.
Le moment des commencements qui ne devrait jamais finir; celui de dire quand après c’est trop tard et qui rate son moment.
Celui qui attend son moment et ne voit rien venir.
Le moment c’est égal qui donne mais à retardement. Le moment d’être là. Et celui de dire non.
Celui des sauts dans le vide.
Celui qui traîne des pieds.
Celui qui doit garder sa vitesse.
Celui qui a ses durées relatives et ses points d’orgues.
Le moment d’enlever ce qui est en trop, moment à étapes comme une course de montagne.
Celui de juste être là. Celui d’hier. Même d’autrefois.
Le moment d’avoir été avec rappels comme pour un opéra.
Le noir clair qui ne voit pas venir le jour.
Le moment de mourir et tu n’es pas là.
Celui où tu viens juste de sortir.
Voilà qu’arrive ce moment, on se dit c’est lui, on le sent. C’est une question d’intensité peut-être, de vitesse ou d’étrangeté. Il y a un sens pour ça ; une reconnaissance intuitive qui permet de se préparer, c’est un, joie ou un, pire. C’est le moment d’affronter ou de fuir – prendre ses jambes à son coup est aussi une façon de l’envisager–, disons de faire face.
Elle dit c’est le moment je le reconnais. Elle l’a vu venir. Elle sait. Le moment l’enveloppe comme un nuage le ferait. La brume, elle dirait. On ne peut plus l’atteindre.
Vient celui qui a couleur du soir, bleu avec un peu de rose; un cheval court dans le champ, des enfants jouent à le poursuivre, leurs voix rient ; quelqu’un filme et la nuit tombe d’un coup. C’est le moment d’y aller dit quelqu’un ou quelqu’une de ce moment-là. Vient alors ce moment dans le noir ou quelqu’un pleure – ce n’est pas le plus petit–, pleure sans bruit. Elle, elle écrit sans voir qu’il fait nuit.
10 commentaires à propos de “#boost #08 | moments en cours ( un peu plus loin)”
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tu m’ouvres des pistes… des directions…
« celui qui accourt, saute la haie… » me parle beaucoup !
merci Françoise … c’est le premier (je l’aime bien aussi) , il se fait rare
Merci Nathalie, je savoure ton écriture comme toujours.
Vos moments font dire encore. Merci Nathalie. Comme ils résonnent- je trouve- avec vos arrangements du #07.
Merci Ugo et @Clarence pour le lien avec la 7
Comme tes moments sont agiles,Nathalie, surtout celui qui saute des haies,jel’adore, et les pérénigrations cul de jatte qui me laissent songeuse… Ahlala que d’images surprenantes quel imaginaire
ils filent aussi ces momets (tu me dira : sont comme tous les moments) ironiques,, charmants, qui taisent plus qu’ils ne disent, poignants, gais, et celui lç « Le moment d’enlever ce qui est en trop, moment à étapes comme une course de montagne. » le redoutable
Merci Brigitte, Catherine, Ugo, Clarence pour les retours
Je suis fascinée par tes moments, ta façon de les étirer, de les faire sauter, d’y faire sentir la présence ou l’absence.
Merci Laure de relever ces oscillations et instabilités , ces variations. Bonne journée