Tenir tête à l’oubli — ne pas oublier Jane — toujours penser à elle — la tenir contre toi sans laisser un fantôme devenir le centre de tout — Ne pas tout mesurer à l’aune de ton gouffre — ne pas s’accrocher trop à ces vivants qui vivent juste parce qu’on sait qu’un jour ils ne seront plus vivants — les laisser vivre aussi comme ils entendent le faire — tenir tête à l’oubli sans que la prudence décide et puis te paralyse — tenir tête à l’oubli sans que cette lutte t’envahisse — tenir tête à l’oubli et quand même regarder plus loin que juste là — tenir tête à l’oubli mais à tous les oublis quand tu auras appris à ne pas oublier Jane — quand tu auras appris à la confier chaque soir au douillet du papier et au chaud de tes mots qui lui racontent tes jours — à la laisser dormir du sommeil de l’enfant qu’il soit rêve ou cauchemar — Faire confiance aux écrits pour garder le précieux et puis se concentrer ensuite un peu plus loin pour faire ce qui est à faire pour qu’on puisse vivre humains tout humains que l’on est — Tenir tête à l’oubli qui nous ferait refaire les mêmes horreurs qu’avant — Tenir tête à l’oubli pour que les témoignages gardent la force de hurler sans devenir attractions — Tenir tête à la peur que l’oubli ne croque l’écrit où tu te réfugies
Codicille :
Suite presque directe du texte précédent sur les peurs. C’est toujours Mow, la personnage de LVME qui parle et se construit doucement tout comme l’idée du livre qui pourrait l’accueillir. Retour de la deuxième personne du singulier comme un réflexe ou un aimant pour la réflexion, le dialogue entre soi et soi. Pas sûre que ça marche avec cette forme tiret, vous me direz.
Gratitude renouvelée pour le partage des mots de Paul Valet
« Ne pas tout mesurer à l’aune de ton gouffre”
Bien vu! 
« Tenir tête à l’oubli pour que les témoignages gardent la force de hurler sans devenir attractions — Tenir tête à la peur que l’oubli ne croque l’écrit où tu te réfugies—“ Waou
Grand merci, Nicolas. J’avoue avoir eu pas mal d’aide de l’actualité pour ceux que tu as relevés …
beau et si poignant Juliette
Merci pour ton suivi Brigitte, et touchée par le poignant