Il faut sortir pour renouveler les histoires qu’on se raconte. Je ne suis pas Harlan Coben, j’ai besoin d’histoires vraies. C’est ma résolution pour 2025; il est encore temps de prendre de bonnes résolutions le 12 janvier, après le bilan, les résolutions !
Je sors donc, je rejoins un groupe qui s’intitule les nettoyeurs du dimanche et poste sur Instagram. C’est là que je l’ai découvert. Rendez-vous sur le parking de l’école avec sacs et gants, car le projet est de nettoyer le lotissement, les abords de la nationale, la forêt, le parking de la gare.D’un parking à un autre parking, c’est la règle dans un village où il n’y a pas d’autre point de rencontre. Le parking de l’école , c’est souvent le lieu de rendez-vous : facile à trouver, facile à garer, un arbre, une boite à livres, des traits blancs sur l’asphalte, des poubelles à couvercle jaune, des bordures de gazon un peu mitées d’avoir été trop piétinées, un conteneur à verre. Il paraît qu’il y a fort à faire. Objectif une tonne à la fin de l’année !
J’arrive en avance au rendez-vous et j’interroge le groupe qui se trouve déjà sur le parking. Non, ils ne sont pas les nettoyeurs, mais un groupe de passionnés qui dressent leur chien à rechercher les personnes disparues. C’est un hobby, un loisir, une façon de faire travailler son chien.Pas du tout officiel comme la brigade de recherche des pompiers ou de la gendarmerie. Le chien qui vient de terminer son entrainement et remonte en voiture est un rottweiller encore très jeune qui rentre docilement dans la cage placée dans le coffre du 4×4. Sa maîtresse lui enlève son harnais, le flatte copieusement et ferme la cage. Le suivant est un border collie, très jeune lui aussi, qui a le droit de se balader librement dans la voiture de son propriétaire et passe des sièges avant à la banquette arrière visiblement pressé de sortir et de se joindre aux jeux des humains. C’est à une nouvelle participante de se cacher pour jouer la personne disparue (ils le font à tour de rôle). Elle enlève son serre-tête, le remet à l’animatrice et c’est parti. Ils sont tous adultes.
Les nettoyeurs du dimanche arrivent, quelques adultes, beaucoup d’enfants. L’initiateur, son fils, les cousins et puis d’autres. Je n’arrive pas à suivre les présentations. Ils sont douze. Je prends des gants et un sac tout en engageant la conversation. J’ai envie de comprendre ce qui motive cet enthousiasme environnemental. En fait, me dit l’organisateur c’est une idée que sa mère Mamy Jo lui a soufflée : en promenade avec ses petits-enfants, elle emportait des sacs et ramassaient les déchets parce qu’elle avait vu d’autres gens le faire et que c’était une bonne occupation pour les enfants. Nul bénévolat associatif là-dedans, pas de projet politique, juste un objectif quantitatif (et le souhait d’aider Knetpartage une association d’aide aux enfants en situation de handicap ou atteints de maladies rares). Les canettes, c’est ce que les enfants préfèrent dénicher: pas trop sale, qu’on peut écraser sous le pied, pas trop lourd à porter.
Sur le bord du Semanet, au fond du ravin qui conduit le Semanet sous la route départementale, les enfants chercheurs de canette rencontrent les chiens chercheurs de personnes disparues qui viennent de tomber sur un corps dissimulé sous les feuilles. Ce n’est pas un joueur, c’est un mort. Une morte plutôt. Qui l’a trouvé en premier ? Là n’est pas la question. On éloigne les chiens et les enfants. On appelle la gendarmerie et tant qu’à faire le responsable du service technique de la mairie dont on a le numéro pour le ramassage des encombrants.