C’est tout petit et glacial : un couloir séparé de l’entrée par un lourd rideau marron. D’un côté l’évier plein de vaisselle, le petit frigo avec friseur sur lequel est posé l’égouttoir, lequel égouttoir semble contenir toute la vaisselle courante, de la casserole manche en bois à la petite cuillère, suivi d’une planche sous laquelle un rideau à carreaux abrite la poubelle, au-dessus de laquelle une demi-fenêtre donne sur le Nord et la placette, sur le rebord de laquelle deux chats et cartons à chats garnis de vieux pulls, une gamelle à croquettes et de l’eau dans un pot de fromage blanc obstruent la vue sur la vie qui passe, sous la fenêtre des petites étagères soutenues de chaque côté par des briques, puis la gazinière toujours ouverte, avec sa bouilloire cabossée, puis un bout de planche chargé de petits empilements de pots à épices. À droite de ce couloir-cuisine, un buffet peint en vert, les vitres du haut remplacées par des morceaux de rideaux de dentelle, les verres et les bols en poterie empilés, puis une tablette chargée de bocaux non étiquetés de leur contenu, de la date ou de l’année, ici les années ne comptent plus ou n’ont jamais compté, puis au fond l’accès sans porte aux secrets du cafoutche. Au plafond, deux poutres peintes en gris avec multiples clous auxquels pendent des cueillettes de millepertuis, de lavande, de sauge, de menthe, de sarriette, de romarin, certains poussiéreux d’autres non.