#LVME #03 | six cuisines du quartier

La première se caractérise par un agencement en U inversé. Au sommet de l’U et attirant l’œil un évier scellé sous la fenêtre, une fenêtre ouverte sur un olivier à gauche et sur la maison d’en face à droite, un petit potager sur son rebord regorge de fines herbes, des meubles et appareils accrochés sur chaque côté, des meubles laqués blancs, modernes, fonctionnels, à grands tiroirs et espaces bien aménagés, une étagère remplie de bocaux de confitures maison et de pots contenant des épices, au milieu une table ancienne dotée d’un plateau de marbre et d’un pied central en fonte, un plan de travail en bois de chêne, en face de la table une pendule comtoise au balancier toujours en alerte du temps qui passe, un plafonnier en rotin diffusant une lumière douce.

La seconde est organisée en L, le grand côté chargé de meubles, de la plaque de cuisson au gaz et du réfrigérateur; un évier blanc fixé sur la base du L face à un mur gris délavé, un plan de travail à carreaux jaunes et verts agressant le regard, une atmosphère confinée animée par une multitude de torchons blancs à propreté suspecte, un plafonnier en verre blanc et à la lumière aveuglante, aucun tableau, ni plantes en pot, juste un calendrier qui semble dater de plusieurs années. Les meubles sont dépareillés, comme s’ils avaient été achetés dans un vide-grenier. Le plan de travail est encombré, un couteau abandonné, un mixeur démonté, une tasse laissée là depuis plusieurs jours. Le sol usé en carrelage jaunâtre montre les traces de pas d’occupants énervés. Un rideau opaque isole du chemin.

La troisième également conçue en L, frappe par son perfectionnement ultra design, chaque élément laqué noir reflète celui qui le côtoie. Un îlot central doté d’un espace-bar, entouré de deux hauts tabourets noirs, assise en cuir et pieds brillants en inox, ambiance glacée et sophistiquée, un mur en partie vitré, et plein d’espace de circulation. Un grand miroir circulaire capte tous les mouvements et les positionnements. Tous les appareils encastrés affichent le choix de ne pas révéler les instruments de création de froid ou de cuisson. La cuisine est épurée et bien rangée, avec des objets choisis pour leur apparence, un éclairage subtil de spots à lumière chaude et une lampe Pipistrello.

La quatrième agencée en angle est spacieuse, fonctionnelle, laquée blanc, murs vert bleu, un espace table haute avec tabourets séparant l’espace salon de l’espace cuisine, du désordre, pots de fruits secs, biscuits, plante grasse, deux mugs en attente, de grands placards et beaucoup de tiroirs, au sol la gamelle des chiens. Les murs sont décorés de dessins d’enfants, de photos de famille et de magnets. Des étagères débordent de bocaux de pâtes, de farine, de conserves et de condiments. Un éclairage central en trois cloches noires diffuse une lumière chaleureuse. Quelques plantes vertes assainissent l’atmosphère et rythment l’ensemble au gré des courants d’air.

La cinquième agencée en longueur frappe par son allure étriquée. Un buffet sans style en bois foncé avec quelques petites fleurs pastel collées sur les portes, capte le regard. Quatre chaises entourent une table en bois, un style campagne en détresse. Murs sombres surchargés, car peu d’espace au sol, une petite fenêtre pour éclairer l’ensemble. Un espace ressemblant davantage à un lieu de passage, où l’on prépare des repas rapidement, sans plaisir. Des étagères en bois sombre, sans vie, des appareils électroménagers juste utilitaires. Pas de décorations, seulement quelques objets pratiques, comme un porte-couteau et un panier de fruits, au plafond un globe jaune offrant aux visages une lumière cadavéreuse, des murs verts, une porte blanche, sur le mur du fond un calendrier.

La sixième est spacieuse, à la fois épurée et sensuelle, dans un agencement en U, fenêtre au sommet, murs violets et gris anthracite en face à face, des meubles laqués gris bien arrimés, appareils de froid et de cuisson en inox brillant, un immense évier en stratifié granit, une grande table longue et étroite, cinq fauteuils de table. Des spots au plafond imposant une lumière agressive ou option d’une lumière tamisée par le réglage subtil d’une suspension, créant une ambiance intime et feutrée. Sur le plan de travail en inox poli, des ustensiles métalliques parfaitement alignés, des fouets, des pinces et des couteaux. Des touches de cuir noir et de satin rouge se retrouvent sur les tabourets. Un mélange de froideur et de chaleur subtile.

A propos de Huguette Albernhe

Plusieurs années dans l'enseignement et la recherche. Passion pour l'histoire de l'écriture, la littérature . Ai rejoint l'atelier de FB en juin 2018, je reste sur la barque. Je vis actuellement à Nice mais reste très attachée à ma région d'origine, l'Étang de Thau, Sète, Montpellier et les Cévennes.

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