Depuis le banc de pierre adossé à la haie de buis, on peut reconnaître les fenêtres qui ouvrent sur des cuisines. Leurs rideaux, quand il y en a, sont souvent différents. Ils sont rarement des voiles blancs couvrant toute la surface de l’ouverture. Plutôt des brise-bises ou des voilages-pointes laissant paraître la couleur de la lumière, la couleur des murs. Dans ces immeubles les cuisines ont toutes la même configuration. Longues pièces étroites coincées entre une porte de séparation du sas d’entrée et une fenêtre avec vue sur la fontaine. Elles abritent toutes, un accès à l’eau – ce qui se traduit en général par la pose d’un évier plus ou moins grand, plus ou moins sophistiqué – une cuisinière électrique – ici, ni gaz ni tout autre combustible… l’électricité est la fée – un réfrigérateur, un placard intégré. Entre eux l’espace est aménagé comme chacun.e le souhaite. Il y a les cuisines minimalistes où ce sont les plans-de-travail qui l’emportent, et les cuisines-magasins dont les espaces sont comblés par des étagères et des placards. Dans la plupart de ces cuisines, ils sont pleins, les étagères aussi. Peut-être certaines moins que d’autres mais cela est surtout dû au manque d’appétence pour faire la cuisine soi-même – à l’heure du dîner on voit défiler les porteurs de plats tout-préparés qui livrent en vélo ou en scooter. Dans les appartements récemment réaménagés, une ouverture sur le salon est souvent percée, plus ou moins grande, allant du passe-plat à l’ouverture totale en passant par le style bar. Un même espace répété plusieurs centaines de fois… et autant de cuisines différentes…