#LVME #03 | cuisine vide

La table en Formica attendait sa visiteuse, le journal était posé dessus, les chaises vides avec leur structure en inox et leur dossier et assises en Formica marron imitant le bois attendaient elles aussi. Les éléments de la même couleur que la table entouraient l’espace. Le frigidaire blanc était lui presque à l’entrée, sur sa façade une carte d’Afrique magnétique était partiellement recouverte de petits îlots aimantés sur lesquels le nom de la capitale du pays à l’endroit ou ils étaient placés. Toutes les semaines, dans la boîte de céréales, on les cherchait. L’évier en inox brillait, sur le bord près du mur, côté robinet, était posé une éponge jaune et vert, une petite soucoupe avec un morceau de savon de Marseille à l’intérieur, sur le flanc du meuble au-dessus à la droite de l’évier, par un petit crochet ventouse, était suspendu un torchon de couleur écrue, bordée de larges lignes rouges. Tout était commun et ordinaire, mais aussi particulier et familier. Le sol était en carreau de lino bleu clair, les murs blancs, une fenêtre ouvrait le mur et si l’on regardait trente mètres plus loin à la hauteur des yeux, il y avait la voie ferrée, et l’on voyait un TGV qui allait à la Gare Montparnasse.

A propos de Laurent Stratos

J'écris. Voir en ligne histoire du tas de sable.

3 commentaires à propos de “#LVME #03 | cuisine vide”

  1. « Tout était commun et ordinaire, mais aussi particulier  » . La cuisine indélébile dans le cerveau vieillissant… Lue, inventée ou vécue, qu’importe… On sent sa simplicité, sa propreté, son austérité aussi. Une cuisine d’autrefois en formica, celle de la chanson de Ferrat… Ils en rêvaient depuis longtemps… Et cette gare de Montparnasse où ont transité tous ces provinciaux en quête de prospérité et de luxe… Ah ! Monter à Paris , où y être né.e ? C’est la même cuisine qui s’impose… Mais de moins en moins de cuisinières au foyer pour briquer et désinfecter… Ce texte me donne des images mentales à foison. Merci !

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