#LVME #02 I Laissez tomber les p’tits papiers…

Il, est plusieurs. Jamais le même sous l’habit orange visible depuis toutes les fenêtres qui l’entourent. Il, est aussi elle. L’habit leur donne la même démarche lourde et pesante dans la terre. Habit de pluie, habit de saisons froides et humides quand iel pique avec une sorte de longue épée les papiers gras abandonnés sous les bancs. La chorégraphie est lente. Iel a le bras qui se balance. Iel balance son épée, la plante avec plus ou moins de grâce dans le papier froissé, papier de riz ou d’Arménie, ou autre objet perdu au niveau du sol. Dans l’autre main un sac en plastique noir dans lequel iel dépose sa récolte. Iel traverse les pelouses avant de longer le caniveau, le dos courbé, l’œil qui traque. Il, s’arrête le temps de fumer une clope, elle, le temps d’envoyer un texto, ou c’est le contraire…et si le temps, celui qui fait la pluie et le beau temps, si ce temps-là le permet, on pourra lire sur le sol la topographie du nettoyage. Elle n’est pas la même à chaque passage. Il serait curieux d’y découvrir une signature. La signature de cellui qui débarrasse l’espace public des oublis de tout un chacun.

A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

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