En plein jour, un étrange dessin à l’encre, de maison en colombage blanc et bois. Puis des tâches de toitures de chaumes jaunes et brunâtres sur leur contour par le vieillissement et les pluies diluviennes qui n’en finissent pas de pourrir la matière. Les toits ne sèchent pas et les rayons de soleil sont absorbés par l’eau qui s’écoule en gouttes transparentes juste bleutées, reflet du ciel, qui viennent s’étaler dans d’énormes flaques d’ un gris glacé stagnant à la surface d’un sol déjà gorgé d’eau. Plus loin, comme gravés à l’ encre de Chine de tous petits détails des pommes et de feuilles, colorées de verts frais mais l’œil se perd sur cette sorte de broderie entre vert-sapin et le vert-amande où s’enfoncent les sabots des chevaux aux robes marrons tachetées de blanc. Tout est calme, les chemins sinueux s’amusent à monter et descendre les petits coteaux, les collines douces se répandent tranquillement étalant leur verdure jusques au bord du ruisseau à l’eau fraiche et transparente, où, on irait bien se glacer les os pour les laisser sécher à la chaleur d’ un soleil ardent qui finit par brunir les peaux de bras musclés à force de travailler la terre.
De nuit, sur cet étrange dessin à l’encre, quelques lampadaires font deviner les toits de chaumes ocres maintenant, les colombages blancs reflètent la lumière électrique sur le champ devant la maison. A ses portes, des lanternes éclairent une prairie à l’herbe dorée. Un mur de pluie vient délaver les contours et toute la bâtisse semble s’enfoncer dans les herbes hautes à têtes penchées pendant que les ombres fantomatiques des bêtes de sommes laissent entendre leur hennissement et leur bêlement derrière la porte de l’étable fermement cadenassée. Puis, le silence du soir, tout est calme, dans ce dessin, quelques traits plus foncés s’entortillent jusqu’au premier plan pour finir, noyé dans une tâche blanchie de lumière. Au-dessus, de la surface glacée du plan d’eau, de petits insectes s’envolent dans la brume pailletée du soir .