#LVME #01 | 22 mai 2050


30 min avant l’obscurité totale

M gratte la terre et J réajuste le goutte à goutte, la chaleur est encore étouffante mais les immenses arbres du parc, s’ils ne procurent plus aucune fraicheur à ces températures extrême, permettent tout de même de ne pas rôtir en plein soleil. H et C retrouvent leur banc et pointent leur nez vers les premières étoiles. M et G jouent dans le vestibule. On l’a longtemps trouvé trop froid ce vestibule, désormais à cet heure-ci le carrelage procure une température correcte.

25 minutes avant l’obscurité totale

M. Z ralentit la puissance du ventilateur et regagne son canapé. R donne un coup sur la toile cirée de la cuisine. C’est l’heure de pointe dans la forêt du bas, ceux de la journée empiètent sur ceux de la nuit. Les mœurs on évolués avec le reste et ça provoque des heurts, des incompréhensions. Il n’est pas rare d’entendre des rixes violentes et les cris alors ressemblent à des giclés de sang. Les disparitions intermittentes des étoiles sous les nuages offrent une distraction aux longs silences qui ponctuent la conversation de H et C.

20 minutes avant l’obscurité totale

R quitte sa blouse enfile un short et un débardeur. Sous la direction de G un garage auto se construit en plein milieu du vestibule, il permettra le changement des pneus avant d’aller rendre visite à la caserne des pompiers. K prépare l’eau pour les moutons. Il bat les mains régulièrement devant son visage pour chasser les mouches. D n’a pas envie, il attend ce moment depuis l’aube, pourtant une mélancolie sourde l’emplit et le mène droit au lit où il s’allonge et reste immobile. P et V se picorent le cou de plus en plus ardemment.

15 minutes avant l’obscurité totale

R remplit une gourde. C s’attache les cheveux, elle combat tout ce qui touche son visage et se demande pourquoi elle n’a pas encore tout rasé. M. Z change de chaîne. Jo passe la tête par l’ouverture de son habitation diurne et se balance de droite à gauche. R, M. Z, Mme G, J, M et G, tous guettent inconsciemment. Ils jettent des regards réguliers à leurs téléphones ou attendent les signes de leur entourage qui enfin les autorisera.

10 minutes avant l’obscurité totale

J et C se souviennent sur leur banc, quelle était la place de chaque chose 50 ans auparavant. R glisse les pains de glace au congélateur. Mr Z éteint la télé et remonte les escaliers, il a creusé cette salle en sous-sol bien avant que les températures atteignent l’intolérable, en prévision. Aujourd’hui il peine à monter les marches et n’avait pas prévue celle-là de catastrophe. R cherche ses baskets. D s’est rendu. Immobile, les traits du visage contractés. Les mêmes idées tournoient dans son esprit encore et encore et l’incendie allumé plus tôt dans la soirée se répand. K ouvre la porte de la bergerie, trois bêtes, du fumier collé à leur ventre en sorte péniblement. M et G érigent une tour en kapla contre laquelle ils jettent leurs bolides à toute allure.

5 minutes avant l’obscurité totale

R enfile ses baskets et se recoiffent. M. Z s’habille enfin. K se lave les mains. P et V reprennent leur souffle, leur corps transpirants chacun dans son coin. On demande à M et G de ranger leur bazar. R se regarde une dernière fois dans le miroir. Les mouvements de tête de Jo deviennent frénétiques et ils sont ponctués d’appels impatients. M ramasse quelques tomates qu’elle place dans un panier, J remet de la paille autour des poireaux.

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