Une pierre plate sur lequel il est écrit « Hautacam octobre 2019 », une roche plus grise que noire avec des veinules ocre indiquant une légère présence de fer dans le minéral. Il faut s’approcher pour les voir. Est-ce un gneiss ou un schiste ? Je ne sais plus, mes cours de pétrologie sont trop lointains, j’étale tout ce que j’ai oublié. J’ai ramassé cette roche plate d’environ 15 cm sur 5 en marchant dans tes pas avec C. Nous ne pouvions pas te laisser aller. Je ne peux toujours pas. Je ne le souhaite pas. Laisser aller, ce n’est pas dans mon tempérament. Les montagnes des Pyrénées te ressemblent, belles et franches, les yeux levés vers le ciel. La pierre d’Hautacam est là, jamais très loin. Entre les livres, devant les livres, sur le bureau, elle se promène. Elle me suit de maison en maison. Elle me rappelle le ciel bleu, l’herbe verte parsemée de crottes de mouton par endroits. Dans le parc naturel des Pyrénées, j’entends l’eau vigoureuse descendant vers les plaines. Cette eau à ton image, vive, fraîche, sans compromis nauséabond, sans malhonnêteté, sans parti pris. Cette roche dont je ne sais pas le nom est devenue une trace vivante, un autre fantôme à mes côtés.