Ce jour-là, cent septième de l’année, aux trente-deuxième jour du … Vers le soir. Jour encore. Dans deux heures et quarante six minutes le soleil aura disparu . La fenêtre grand-ouverte, rectangulaire coulissante, troisième droite sur rue. Débardeur, casque aux épaules, à genoux sur le tabouret, buste projeté en avant : comme se tirer hors de : comme, au risque de tomber; tête, corps frêle au plus près du ciel. Elle fume. Hors-champ une volière à ciel ouvert, semble ; leurs chant et le silence assourdissant. Silence de La rue à l’arrêt, trente deuxième jour, assourdissant. Elle penche, ça lui sort de la bouche et du nez la fumée; la souffle loin, la disperse, sa main longue comme faire signe : à quoi/qui ? l’autre matin l’anneau de l’annulaire a glissé ; elle aurait pu le laisser en bas sur le bitume, le livrer au hasard , aux pies. Est-ce que son doigt fond, est-ce que tout son corps va fondre et disparaitre . Quelqu’un passe derrière, déambule entre la cuisine et le salon; le buste se balance : Berce le chaudement … cependant,non, il n’a pas froid. Dix huit degré dehors. Dans le sac kangourou, l’enfant dort.
Ce soir, quatrième mois de l’année, dix-septième jour du mois. La date en rouge , Anicet c’est le prénom du jour, l’éphéméride cloué au mur. Salon, salle à manger, cuisine, plein ouest : quatrième gauche ; la table repoussée hors du tapis, poussée contre le mur sous l’éphéméride ; des cubes, un ballon, des feutres. Une boîte de céréales bée. Quatre bols et le lait renversé; un molosse lèche le lait. Leurs jeux sur le tapis. Accroupis les trois, entre deux et six ans. Visages, mains, maculés. Le corps occupe toute la longueur du canapé, c’est quelqu’un qui dort ou qui fait le mort. En gros plan à la télévision, écran géant (mais il n’y a pas le son) : le visage connu
Rien, le dix-septième jour du mois : Rien, toujours, elle dit à quelqu’un . Elle porte deux sac. Rien. Deux sacs de course pleins, à bout des bras, visage coupé en deux. J’ai le journal, c’était le dernier, tu veux boire ? Elle pose les sacs, elle sort la bouteille de soda. Elle entre dans la chambre avec le journal et la bouteille . Rideaux tirés, les fleurs de rideau en contre jours n’ont plus l’air de fleurs, c’est plus sombre côté cour – plein est ; chant hors-champ des oiseaux, atténués . La tête de lit au bois blond. Le corps immobile au bois dormant, torse velu . Il y a un chat dessus, ce doit-être une peluche. Ça pue.
… et j’ai crié crié crié pour qu’elle revienne
Deux heures et quarante-trois minutes encore après il fera nuit. Dix huit degrés, il fait chaud, il fait beau. Vol de perruches, des nuées: cri cru vert laitue . Dans le placard le monticule de chaussures est un siège meuble qui lui entre dans les fesses, elle tape sur l’ordinateur entre deux manteaux . À la table de la chambre il a son casque, il tape vite, le texte défile blanc sur noir ; quelque chose cuit on voit la fumée, la fenêtre s’embue. La troisième s’est pendue à la barre d’exercice qui force les murs. accrochée par les genoux, tête en bas: Anicet, c’est vraiment le prénom du jour?
Talon, pointe, talon, pointe juste au dessus : nu. Le sexe balance, large, lourd ; talon, pointe, talon, face au miroir et le grand ciel en fond comme danser dans le bleu : talon, pointe, talon . Il regarde son sexe . Talon, pointe. Le trente-deuxième jour les tulipes dans le vase ont fondu. Il danse: talon pointe talon, nu
La main s’apprête à piquer le corps couché sur le côté décharné. La main pique. Deuxième gauche. Le chanteur est mort. Elle le lui dit avant de repousser la porte
Dans l’escalier, assis avec le livre . Au septième, la dernière marche, c’est là qu’il lit. Jusqu’au soir tous les jours. La nuit tombe à 20h46. C’est le 17 avril. Une année paire. Deux heures et quarante cinq minutes encore. Il lit. Il y avait une boite à livre en bas, à présent elle est vide. Dans sa chambre on voit le ciel par en dessous
Au deuxième elle lave le poulet. Elle chantonne
Nous faire tourbillonner dans ces instants pluriels et de si troublants espaces, au trente deuxième jour du…
Quelle force Nathalie. Bravo et merci.
Merci Nathalie pour ce premier texte d ‘une série qui s ‘annonce pleine de surprises car , je ne sais pas où tu vas , mais dans ta Maison Mode d ‘Emploi, il s’en passe des choses. et je lis maintenant après l ‘écriture de mon texte, quelques occurrences communes , c ‘est drôle ! ( des enfants, , femme, homme , poulet..)