# mardis #07 Ecritures, réécritures | Variations

Variation 0

Debout dans le verger, devant le cerisier trop généreux avec les oiseaux, la haie borde le bas de l’horizon. La terre étendue rejoint le ciel, terre généreuse, moissonnée, retournée, scarifiée, déjà prête à recevoir les prochaines semences. Après la betterave, le blé, puis le colza, comme si le sol était inépuisable. Au loin sur la gauche, un panache de fumée blanche rejoint le ciel. Tour de refroidissement d’une centrale. Sur la droite, des poules faisanes apeurées d’être à découvert gloussent, et s’envolent suivies de coqs aux couleurs chatoyantes. Les oiseaux se cachent dans la haie la plus proche. Un bruissement crépitant passe au-dessus de ma tête, des dizaines d’étourneaux avisent le grand sapin du voisin dans une danse magnétique. Les morceaux de ouate portés par un vent léger offrent un spectacle de personnages fantastiques changeant. Au loin, l’orage se vide sur Maison Rouge. Les nuages s’assombrissent au-dessus du verger.

Variation 1

L’enfant est debout dans le verger. Sous le cerisier trop généreux avec les oiseaux, il voit la haie bordant le bas de l’horizon. La terre étendue rejoint le ciel, terre généreuse, moissonnée, retournée, scarifiée, déjà prête à recevoir les prochaines semences. Après la betterave, le blé, puis le colza, comme si le sol était inépuisable. L’enfant ne voit pas au loin sur la gauche, le panache de fumée blanche rejoignant le ciel. Tour de refroidissement d’une centrale. L’enfant sourit quand sur la droite les poules faisanes apeurées d’être à découvert gloussent, et s’envolent suivies de coqs aux couleurs chatoyantes. Les oiseaux se cachent dans la haie la plus proche. Un bruissement crépitant passe au-dessus de la tête de l’enfant, des dizaines d’étourneaux avisent le grand sapin du voisin dans une danse magnétique. Les morceaux de ouate portés par un vent léger offrent un spectacle de personnages fantastiques changeant, l’enfant entend leur voix en rêve. Au loin, l’orage se vide sur Maison Rouge. Les nuages s’assombrissent au-dessus du verger. L’enfant part vers la maison en courant.

Variation 2

Conduisant son tracteur, l’agriculteur aperçoit le cerisier trop généreux avec les oiseaux. Le grand arbre pointe vers le ciel. L’homme tourne la tête vers l’horizon, là où sa terre touche le ciel. Dans un vacarme ne l’affectant plus, il avance sur sa terre étendue et lourde, sa terre généreuse, moissonnée, retournée, scarifiée, déjà prête à recevoir les prochaines semences. Après la betterave, le blé, puis le colza, il travaille le sol comme s’il était inépuisable. Derrière lui, un panache de fumée blanche rejoint le ciel, tour de refroidissement d’une centrale. Le bruit du tracteur effraie les poules faisanes, elles s’envolent suivies de coqs aux couleurs chatoyantes, les oiseaux se cachent dans la haie la plus proche. Un bruissement crépitant, qu’il n’entend pas, passe au-dessus de sa tête, limaille de fer orientée par un aimant, des dizaines d’étourneaux à la danse magnétique visent le grand sapin du voisin. L’agriculteur ne voit pas les morceaux de ouate portés par un vent léger offrant un spectacle de personnages fantastiques changeant. Au loin, l’orage se vide sur Maison Rouge, les nuages s’assombrissent au-dessus du verger. L’agriculteur fait demi-tour, il rentre avant que l’eau ne tombe.

Variation 3

Vol au-dessus d’un verger. Piaillements. Nous changeons de cap. À l’unisson. Le cerisier ne porte plus aucune cerise. Vol rapide à droite. Vol rapide à gauche. Au loin, la terre rejoint le ciel. Piaillements. Terre généreuse, moissonnée, retournée, scarifiée, déjà prête à recevoir les prochaines semences. Après la betterave, le blé, puis le colza, comme si le sol était inépuisable. Piaillements. Au loin, un panache de fumée blanche touche le ciel. Piaillements. Demi-tour en cœur. Des poules faisanes apeurées d’être à découvert gloussent, elles s’envolent suivies de coqs aux couleurs chatoyantes. Les oiseaux retombent lourdement dans la haie la plus proche. Nous crépitons, nos ailes bruissent au-dessus du verger. Dans une danse magnétique, nous nous posons sur la ramure d’un grand sapin. Les morceaux de ouate portés par un vent léger offrent un spectacle de personnages fantastiques changeant. Au loin, l’orage se vide sur Maison Rouge. Les nuages s’assombrissent au-dessus du verger. Nous nous serrons les uns contre les autres.

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