Pluies, remplissez le bassin de nos mots
Pluies, reprisez au petit point la blanche nappe de nos phréatiques banquets
Pluies, averses, ondées, orages, déluges, cataractes, giboulées, trombes, crachins ou fines bruines, entrez là en cortège, vos eaux sont les bienvenues
Pluies, étoffez les torrents, les ruisseaux, donnez-leur corps et âme, fouettez leur ingénue transparence jusqu’au blanc de l’écume, jusqu’au sombre de l’opaque
Pluies, installez vos brillants au milieu des chemins, rubis, émeraudes, saphirs sur les pierres, les cailloux, installez des diamants aux oreilles des feuilles, mirages pour avides et trésors pour rêveurs
Pluies, échappez-vous, serpentes, des mains des promoteurs, désertez les châteaux que l’on vous a construits et ensauvagez-vous pour aller teinter là où vous resterez belles
Pluies, tapez toutes vos histoires sur le clavier cliquetant de la toile de nos tentes, des capuches de nos vestes, des tôles de nos toits, sans retour à la ligne, sans blancs et sans repos, faites vivre vos suspens dans un long continu, dans une histoire sans fin