Le coin d’une rue et d’un passage (là vivait une enquêtrice, elle avait un fils, ses parents vivaient sur le faubourg, ils étaient en froid ou je ne sais plus – elle a dû rester dans la boîte quelque quinze ans – on avait travaillé ensemble chez RJJ quelques années aussi – auparavant, le travail c’est aussi cette époque-là) il s’agissait d’un immeuble bordé d’un mur qui faisait le passage – borgne le mur – bien des années auparavant, à l’autre coin de cette même rue, on avait été visiter un taudis qui, si on l’avait acheté (mais avec quel argent ?) vaudrait aujourd’hui six à dix fois son prix – la grande ville, la métropole (le travail a commencé en soixante-neuf, cahin-caha jusqu’en deux mille vingt-deux – on s’arrête, à un moment) – puis l’immeuble a été détruit, c’est resté un coin sans rien sinon des ordures, des grillages à ciel ouvert, quelques plantes ont dû tenter de croître au travers des ciments et des plâtres – puis il y a eu Charlie, cette année-là (bien qu’on ne souvienne pas exactement ce qu’on faisait ce mercredi matin-là, vers neuf heures et demie, on s’était retrouvé tous et toutes à la république le soir, et des millions le dimanche suivant dans les rues – la capitale la grande métropole) – puis en août, vers la fin du mois, un matin tôt on entendit des hélicoptères qui passaient, allaient vers le nord, vers la Villette qui flambait – ce n’était pas la Villette mais la quatrième travée de l’ex-demi-abattoir transformé en lieu de culture de sciences et d’industries – le cinéma brûle (ça n’a jamais marché j’ai l’impression, mais j’en suis parti) et puis ce sera l’appartement fin octobre, il y avait alors célébration de cette fête insane à base de potirons, et puis ce sera les terrasses et le Bataclan, cette année-là – et puis la suivante on commença à construire ce coin de rue-là, j’en avais parlé avec le gardien de la résidence – on allait chez le gérant on avait tout perdu et les filles pleuraient de ses questions abjectes, c’était un type de petite taille et brun cheveux secs en brosse chemise et cravate, une ordure certes – ça construisit sur le coin, on a posé dedans certainement des gens, en bas dans la rue, dans le passage il y a à l’autre coin, un jardin – je me suis souvenu que le sale type s’était excusé comme on fait maintenant – s’était excusé sans présenter d’excuses, tu comprends bien par mail, comme un chien – rien, le coin d’une rue et d’un passage
je suis allé chercher un peu, ici quelques images montées chrono
de nos jours,
qu’est-ce t’en penses…
la ville, les gens, le temps et l’histoire, les traces
et puis cete phrase » s’était excusé sans présenter d’excuses, tu comprends bien par mail, comme un chien »
j’aime notre contemporain (en fait il y a des résistants, des ilots de grâce)
oui, c’est vrai, quelques îlots…Merci à vous, Brigitte
Elles sont exposées plein quoi maintenant les fenêtres en façade de l’immeuble ? Elles semblent recevoir du soleil. C’est dans quel arrondissement ? Sinon, il est vrai que les fêtes à base de potiron sont insanes.
nord-est je crois bien,le soleil le matin (c’est le onze, coin PIvert/Orillon). Merci à vous Elise