#anthologie #37  | Ransmayr |  la voilette

Je le vis ou plutôt le devinai ce visage à peine suggéré mystérieusement offert par cette voilette délicate, un voile de gaze légère qui jouait avec la lumière laissant entrevoir comme à travers un tamis fragile, les traits fins d’une figure lointaine. Elle révélait un équilibre subtil, une composition presque irréelle entre respectabilité et confort intime ; ce n’était pas une barrière mais une invitation au dialogue silencieux d’une rare efficacité aux frontières imperceptibles, aux contours flous. Un langage secret tissé de regards, de gestes à peine esquissés, où les mots perdent leur nécessité. Et dans ce cadre il converse non seulement avec ses abeilles mais avec l’ensemble de la nature une complicité presque amoureuse faite de galanterie et de savoir-faire. La possibilité d’une causerie légère, efficace ce « tête à tête » avec « ailes » les compagnes fidèles d’un univers qu’il côtoie avec tendresse. Chuchoter avec ses « beez » ce terme étrange et doux semblable à un murmure évoquant un baiser suspendu ou plutôt un souffle qui ne se perd pas dans les mots, un secret partagé, l’écho invisible de choses simples, une parole qu’il n’a pas besoin de prononcer, elle existe et vibre dans le silence entre lui et ce monde de chaque jour qu’il frôle avec délicatesse.

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