#écopoétique#3 | mais avant tout sans doute les jardins

Mais avant tout sans doute les jardins… dans cette affaire il n’y a pas de sans doute qui tienne puisque, ces jardins-là, je les ai aménagés de mes bras, y ai mis ma force au quotidien, et j’ai un souvenir précis du commencement des choses. Environ dix-huit mois en arrière. Rien qu’une friche en face de la maison qui servait de terrain de jeu pour le chien des propriétaires précédents, une friche définie d’un côté par une haie de lilas et d’arbres à papillons infestés de ronces, de l’autre par un muret moussu bordé de cytises. Mais avant tout sans doute le potager… touffes d’oseille et plant de rhubarbe poussé sur le compost en témoignent tout comme cet arrosoir déglingué oublié dans l’herbe. À noter un clapier au voisinage du talus, un magnolia pour le printemps, un rosier jaune pareil à un petit arbre, de ces espèces rustiques et parfumées qu’on ne croise plus que dans les jardins de province et qui ne cesse de fleurir tout l’été. Pas de trace de platebandes, l’herbe a tout envahi. Je me suis demandée de quelle couleur était la terre. Avant sans doute quantité de choux poireaux haricots carottes navets, tout ce qu’il faut pour une soupe, un pot à feu, un gratin selon la saison. La maison est au proche, bien pratique, et il y a de l’eau de source à l’abreuvoir pour laver les légumes. Les bêtes sont au pré, plus loin à l’orée des bois.

Le mot jardin implique pour moi l’idée d’une surface modeste, taillée à l’aune du jardinier et de ses moyens. À l’entour de la maison et de son potager, les espaces sont vastes, trop vastes, se chiffrent par hectares. D’où ce besoin de redessiner des petits coins pour planter, s’y sentir bien. J’ai vite repéré certains endroits protégés des vents et plus propices à la contemplation et à la confidence. Le bois de châtaignier disponible à volonté sert à construire des barrières, des sortes de petites frontières pour définir des parterres, autant pour les fleurs que pour les plantes potagères. Toutes se côtoient volontiers. C’est ainsi que de nouveaux jardins se dessinent, jardin de roses, jardin d’aromates, jardin de lecture, petites terrasses bordées d’hortensias et de géraniums sauvages avec allées bordées de graminées pour les relier.

A propos de Françoise Renaud

Parcours entre géologie et littérature, entre Bretagne et Languedoc. Certains mots lui font dresser les oreilles : peau, rébellion, atlantique (parce qu’il faut bien choisir). Romans récits nouvelles poésie publiés depuis 1997. Vit en sud Cévennes. Et voilà. Son site, ses publications, photographies, journal : francoiserenaud.com.

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