Voiture. Les phares ne sont pas encore allumés. Elle traverse la plaine de Bièvre d’ouest en est. Arrive en ville.
Le film est commencé.
CHU DE LA TRONCHE (Grenoble Alpes). Parking en terrasse. Bitume au sol. Double porte vitrée coulissante. Couloir linoléum. Ascenseur.
Voix off :
Elle ne sait pas encore.
C’est l’été.
A l’intérieur, lumière artificielle.
Dehors, lumière rasante du soleil en bout de course.
L’ascenseur au centre de la tour carrée. Neuvième étage. Un ascenseur double : deux cabines montent et descendent. Sonne discrètement à l’ouverture, ne dit rien à la fermeture.
Voix off :
Elle aurait sonné à l'interphone situé à droite de la porte de service fermée.
Porte de service barrée d’un gros panneau sens interdit (sauf personnel). A gauche de la porte, trois chaises accolées plaquées contre le mur. La peinture s’écaille là où frottement. Bac de fleurs artificielles. Un claustra sépare l’espace du couloir. La porte s’ouvre. On vient. Nouveau couloir. Bureau blanc.
Voix off :
C’est là qu’elle aurait commencé à regarder le paysage,
la montagne, en face,
derrière la femme,
la nuit tombée,
l’agencement du lieu.
Et puis, elle écoute.
Au deuxième plan, un balcon. Plus loin, paysage rochailleux.
Voix off :
La femme aurait commencé à parler.
A parler de ce qu’elle sait de l’homme admis dans le service un peu plus tôt dans l’après-midi.
Elle dit : ça n’a pas répondu…
On a cherché ailleurs.
IRM.
L’autre ne répond pas.
Silence.
(Temps.)
La première est troublée de ce qu’elle a à annoncer.
Elle est jeune interne.
Elle parle encore.
(Temps.)
Elle dit : le cœur va s’arrêter.
NUIT. DENT DE CROLLES. A mi-pente, des arbres puis de moins en moins de végétation. Au sommet, la roche. Violette.
Voix off :
Elle dit quoi encore la femme ?
(Temps.)
Elle dit : cancer foudroyant.
Primaire.
Stade terminal.
Ecran noir.
Silence.
5 commentaires à propos de “#anthologie #35 | Il aurait dit ça sent le pâté”
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Superbe Cécile, j’aime beaucoup et bravo pour le film qui se déroule sous nos yeux. A bientôt.
Merci Clarence pour ta lecture
Un très beau texte (scénario de court-métrage), on est tenu en haleine, les phrases courtes, le rythme, tout y est, l’émotion de l’annonce de la terrible nouvelle aussi. Merci Cécile
Merci Isabelle pour tes mots qui me touchent
…. que dire? le silence intérieur arrive pour moi immédiatement au dernier mot. Merci beaucoup de décrire en si peu de mots tant de sensations, de sentiments, de non dits, dans une telle situation.