Pente pente pente dévale court crie l’enfant déroule ses pas roule ses jambes au plus vite plus grandes plus loin ses jambes aux rebonds magnifiques qui font la course du plat de la terrasse jusqu’à l’eau grise en contrebas descente brutale du corps de l’enfant de l’esplanade à la maison des écrevisses secousses secousses mâchoires qui claquent l’enfant rit bras en croix joues gonflées il bascule s’appuie sur le vent en déséquilibre vers l’avant tant la terre penche le corps bringuebalé ouvre la bouche en grand ses jambes sauterelles avalent une floppée de grillons crissants elles avalent le pré aux pissenlits Tu fais pipi au lit ? aux boutons d’or T’aimes le beurre ? le corps de l’enfant se disloque dévore le pré les jambes élastiques bondissent rebondissent accélèrent elles pédalent de plus en plus vite au-dessus du chaos du pré aux multiples taupinières le corps saute le banc en pierre fend l’air dos à l’immeuble-paquebot posé en contre-haut il vole vers le bois aux arbres serrés pente pente pente lever les pieds pour ne pas trébucher serpenter en continu sous la canopée en effleurant à peine la terre battue sous l’abri sombre et soudain une trouée de lumière la clairière plantes plantes plantes partout des plantes sauvages l’enfant les survole enjambe écrase bondit par-dessus le tronc couché de l’arbre mort effleure sa racine plus haute que son corps il cavale pente pente pente au travers du bois vers le Plein ciel l’arbre le plus grand de la forêt une masse compacte verte foncée presque noire sous laquelle rien ne pousse un repère avant de gagner le pont qui passe sous les rails sol penché aux cailloux pointus danger l’enfant accélère encore jusqu’au plat de l’eau lisse une apparence trompeuse puisque sous le gris les remous l’enfant plonge dans les herbes hautes qui bordent ses rives il tombe roule s’immobilise se redresse corps tremblant il rit plié en deux reprend son souffle mains sur les genoux Bonjour les écrevisses.
12 commentaires à propos de “#anthologie #33 | La maison des écrevisses”
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je dévale le rapide du texte en suffoquant avec l’enfant et j’aime beaucoup la chute !
miam les écrevisses !
en superbe élan
c’est la pente qui fait tout ! 😉
accéléré. Bouts d’herbes et de souffle !
merci !
Il s’agit de prendre son élan de suivre la course de l’enfant de se glisser dans sa tête derrière ses yeux et ça fonctionne Bravo.
merci
j’ai toujours du mal avec les paysages sans le vivant
On est bien dans cette course d’enfant. On dévale tout avec lui.
j’ai essayé la jubilation. Merci pour ta lecture
je me souviens d’une de tes scènes dans un cycle précédent où tu faisais dévaler une pente aussi en vélo à un enfant, petite fille ? je ne sais plus…
souvenir
dislocation arbre noir cailloux pointus trébucher
ah oui effectivement, c’était une mise en dialogue entre le moi adulte et le moi enfant 🙂
J’y ai pensé hier avec la proposition précédente.
Merci pour ton passage !