L’événement ne fait pas briller ses yeux. Est-ce la chaleur, l’âge, la solitude, la déprime, une névrose phobique ? Plutôt un aigu sens critique qui toujours l’a tenu loin des jours cérémoniels, familiaux ou nationaux. Il craint les cérémonies, avec détestation. Aussi ne partage-t-il pas l’enthousiasme de ses voisins. Il entend leurs joies et celles de leurs invités autour de l’écran géant installé dans le jardin assez loin du barbecue. Les enfants, les adultes, tous scotchés devant l’écran. La cérémonie va durer trois heures et quarante-cinq minutes. Avec tous les moyens et la démesure de la modernité, il sait d’avance que les réalisateurs de la télévision mondiale n’atteindront jamais le génie de Leni Riefenstahl. Les voisins s’étonnent qu’il décline leur invitation. Ils sont les seuls dans le village a s’être vraiment organisés pour l’événement. Bien après minuit quand les solennités sont reprises en boucle, il a enfin un sourire heureux : il vient de sauver un petit lézard tombé dans l’eau du bassin.
4 commentaires à propos de “#anthologie #32 | solennité profane”
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je suis de tout coeur avec lui, une chance pour ce petit lézard! l’allusion à Léni Riefenstahl fait sens, double sens!
J’aime bien cette fin de ce qui est pour moi un retour à l’essentiel…
Merci vraiment pour ce petit lézard. Par les temps qui courent, ça fait du bien un peu de minuscule.
Merci Sophie, Carole, Catherine de vos attentions pour le petit être. Il va bien. Il ira.