#02 | […] le papier peint aux impressions de [ si je pouvais faire un pas, tendre le bras et retourner ton visage ] variations ton sur ton bois de rose [ vue d’ici on dirait qu’elle respire ] l’usure aux raccords des lés comme gratté avec l’ongle traces, surtout le mur de droite [ approcher et retourner son visage ] traits de crayons chiffrés, à un mètre du sol environ, le premier partant du bas : un mètre vingt ou un peu plus [ d’ici on dirait qu’elle respire et qu’elle ne respire pas ] puis tous les cinq centimètres, les uns au-dessus des autres : comme mesurer des enfants [ compter est une façon d‘échapper : depuis combien de temps es-tu ici ] mais il y a du sang ; du sang séché ou bien, comme mesurer des enfants avec du sang [ faire un pas tendre le bras et ] un meuble a été là [et retourner ton visage ] des étagères c’est probable, un cadre [ on dirait que tu ne respires pas et que tu respires ] c’est probable, [ face contre terre ] un miroir et les sandales accrochées au clou par le talon [comme on pend la brebis au pays tu te souviens – caresser ta joue ] dessin en pattes de mouches dans l’angle [réponds moi ] il faut s’approcher pour voir [ je suis venue pour te sauver ne ris pas ] rond, bouche, yeux : une tête, pas encore un visage [ imaginer est une façon d’échapper: ton visage ] une fenêtre perce le mur, aveugle [ si je pouvais seulement, un pas ] et l’ours démantibulé dans la poussière, truffe contre verre, le ruban autour du cou, bleu ; et comme des perles répandues, [ on dirait une chambre d’enfant, c’est joli une chambre d’enfant, tu te souviens : elle disait, il faut dormir maintenant, un baiser sur la joue et puis ] un collier arraché [ est-ce qu’il l’ont fait ça ] ou des dents [c’est pour ça, je veux dire à cause de ça, que maintenant tu te reposes, bientôt tu vas te retourner ou c’est moi qui vais bouger ] À l’exception de la table, aucun meuble, à l’exception [ si je pouvais seulement faire un pas vers toi ] de la tasse et du crayon, aucun objet, sous la table une pomme pourrit, mur de gauche, tout le papier arraché, restent des lambeaux, des fils pendent, des cheveux on dirait, pris dans le plâtre [ si je pouvais seulement et retourner son visage ] à l’exception d’une photographie, elle tient par deux punaise, aucune image [ tu serais sur la photographie, tu y serais mais reléguée au second plan; chaque année sur la photo de classe tu dépassais d’une tête —elle dépassait toujours d’une tête— tu serais sur la droite derrière celle qui sourit — son sourire à elle on le cherchait, pas qu’elle fasse la tête, une timidité je crois — si tu avais souri tu aurais déployé ta main en éventail devant tes lèvres, comme font les japonaises dans les films— sa main pour cacher la béance ] pas de porte ; à ras de sol, un simple trou [si je pouvais ] … [ton visage d’alors, les joues, les cheveux ]
9 commentaires à propos de “#anthologie #29 | impossible retournement”
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
…. merci, pas de mots qui viennent… » si je pouvais faire un pas vers toi »… me fait penser à un titre de livre… à venir? et ces japonaises surgissent là… dans le texte…avec toute leur finesse, leur délicatesse.. merci!
Merci beaucoup Ève , (un peu perdue, avancer à tâtons dans les dernières proposition )
Si seulement je pouvais retourner ton visage…
Suis touchée par ces si seulement qui balisent le texte.
C’est vraiment réussi. Quand je pense que François présentait cette proposition comme facile ! 😉
Bravo !
Whaouh Nathalie, il est terrible ce texte, poignant, et en même temps si retenu, excellent le « si je pouvais faire un pas, tendre le bras et retourner ton visage » et « un collier arraché [ est-ce qu’il l’ont fait ça ] ou des dents [c’est pour ça, je veux dire à cause de ça, que maintenant tu te reposes, » qui laisse entrevoir le pire, je suis retournée
( se reposer un peu ça c’est une idée) Catherine merci du passage par ici et des mots
omniprésence subtile et pires inquiétudes. Merci Nathalie. Vos avancées tâtonnent efficace.
Merci Ugo ( Tâtonne oui – efficace pas sûre )
oh Nathalie ! c’st magnifique
quand je pense que je t’ai si peu lue
en tout cas dans ma lecture des 29 j’en reste là !
et je me delande comment tu fas-us…
Merci Brigitte de votre lecture, Qu’est ce qu’on va en faire de ces textes? Est ce qu’il existe un lien entre eux : où ? comment ? Ces 40 jours ( 36 propositions ) et quoi ?Certains textes dialogues d’autres se repoussent. J’ai mis bout à bout dans un autre ordre et suis -je le vous vole- « paumée » Quand on est paumée, on s’est risqué a une balade : rassembler le paumé et puis … brasser élaguer ( jeter)