#anthologie #28 I L’art de la maitresse

Un homme compose un morceau de musique uniquement avec les aboiements de son chien, son chien n’aime pas le résultat. Alors il ouvre la fenêtre et monte le son, quelques aboiements lointains le réconforte.

Une femme note avec un stylo bleu les gens qu’elles croisent, elle inscrit cette note sur une page de son bloc, puis elle offre cette page, le vieil homme, 14/20, le petite fille pénible 6/20. Le parking du Leclerc est jonché de petites pages blanches et peuplé d’individus interloqués.

Elle fabrique des pièges à fantôme, elle utilise des structures en fil de fer fin qu’elle assemble avec un fil noir, chacune de ces structures délimite un volume de trois mètres par trois mètres, par trois mètres, les faces de ces cubes sont habillées par du papier de soie. Au centre de ces cubes, elle place une photo non développée.

Il a peint le portrait de l’Artiste, il a pris le nez de, l’œil droit de, la bouche de, la forme du crâne de, les oreilles de, la façon de, les couleurs de, il a créé un monstre, son monstre.

Elle peint dans le noir, là dans ce lieu qui la terrifie, elle ne voit jamais le résultat de son travail. Avant pendant des heures elle prépare ses couleurs, fait son esquisse, elle répète chaque geste, mémorise les séquences, anticipe les séchages. Mais elle ne contrôle pas les battements de son coeur, alors tout va vite.

A propos de Laurent Stratos

J'écris. Voir en ligne histoire du tas de sable.

Laisser un commentaire