Il faudrait tout recommencer, toujours. Je relis tous les textes et rien ne tient, ça m'agace et voilà tout. L'agacement comme tentative enfantine de s'extraire de la désespérance. Tape du pied, grattages, grimaces. Finalement on se reprend. Il faudrait créer une distance encore plus grande pour ne pas retomber dans les mêmes pièges. Parfois j'y parviens, parfois non. Il faudrait tenir un carnet ( encore un...et mettre en regard l'humeur et le menu ) Toujours de meilleure humeur quans le frigo est plein, oui mais justement quand il est plein, je ne fous rien. Puis la surprise, oh la la ( comme c'est pénible de se relire ) mais dis donc tout est déjà là, à peu près, plus qu'à recopier, dans l'ordre chronologique s'il vous plait. A modifier mais pas trop.Voilà le préchauffage s'éteint peux démarrer...
01-Tenir -Dégommer les plaques avec une éponge et de l’eau. Nettoyer l’encrier. Imprimer pour finir quelques macules. Oh tiens, un paysage chinois. Noir et blanc…un tiers de plein deux tiers de vide. Impeccable. Que t’aurais voulu toi le faire. Mais si. Convier ensuite, c’est trop de bonheur, à regarder. Regarder là, à travers, sur le papier, sur les murs, à travers la réalité. Réponse habituelle des collègues : T’as pas soif ? Gulp ! Pardon, je ne dis plus rien . C’était pour rire. Ravaler. La fermer. La boucler.
02-un point c’est tout- Je dessinerais le salon, certainement, lentement, avec la plus grande application, parfois avec un peu moins. Certains objets ne me diraient pas grand-chose, ne m’évoqueraient rien. Si je me demanderais pourquoi je n’ai jamais lu la seconde partie de Don Quichotte. Un point, c’est tout. Ou un blanc. Ainsi, j’arriverais certainement à détourner mon regard vers la bibliothèque, puis à tout oublier, enfin.
03- les gommes- L’œil tombe sur une gomme. J’en ai plusieurs. Mais elles m’échappent toujours. Parfois, je les rassemble dans une boîte en plastique. Je leur dis : « Bougez pas, je vous rassemble, bougez pas. » Et puis, les choses sont ainsi, les gens traversent mon atelier, prennent une gomme, l’utilisent, ne la remettent pas dans la boîte en plastique. Parfois, c’est à croire qu’ils la fourrent dans leur poche. Qu’ils repartent avec mes gommes. J’y pense parfois. Puis j’élude.
04-to live or not- Que chaque voix soit un instrument. Que l’ensemble s’appelle « Pierre et le Loup », cette pensée me traverse au moment où je vois les musiciens de Brême passer sous mes fenêtres.
05-Sur la route d’Epineuil, la jeune Albertine verse une larme de crocodile, s’ébaubit, se pâme, se jette dans une danse de Saint-Guy, éperdue. Certains tentent de la retenir, tous l’oublient vite. un objet laissé derrière elle, un genre de breloque, un petit coeur en toc au bout d’une chaine d’argent blanc.