#anthologie #28 | tentatives

sur mes yeux j’ai replié mon bras gauche – huit jours –huit nuits – j’ai revu cette panthère noire, à la Farnesina ils s’étaient tous mis d’accord sur le choix et ils me l’ont offerte, elle était merveilleuse, noire de bronze quand je suis parti du ministère et Noretta et moi l’avons posée sur le buffet de l’appartement – ce n’est pas une allégorie, la signature de l’artiste à l’arrière du socle – le regard un peu de côté elle marche sans le moindre bruit

la voisine du dessus est une femme charmante, toute mince son fils écoute du rock’n’roll, il m’a montré ses disques, un jour mais ne m’en a fait écouter qu’une fois – veuve – lui était un peu amoureux je crois – ces disques-là me changeaient des cassettes qu’on écoutait à la maison, Lucio Dalla et son Caruso me fatiguent, ou Charles Aznavour et ses plaintes – Deep Purple c’est un peu différent – elle m’aimait bien et moi, ça me rassurait, j’étais là dans la vraie vie

dès qu’il est arrivé ici, à Turin, il l’a fait poser sur le mur en face de son bureau et il arrivait très souvent, surtout le soir tard, quand la journée était sur le point de finir, ou qu’un moment de calme se trouvait là, il lui arrivait de rester assis, derrière son bureau, et de la contempler sans un mot – je ne sais pas exactement ce qu’il lui trouvait, mais elle avait quelque chose de magique – elle ne représentait rien et lui, assis là, il fumait peut-être une cigarette – un jour, il m’a dit « vous savez, Marietta, ces couleurs sont d’une profondeur exceptionnelle, et plus vous les regardez plus elles s’approfondissent… vous connaissez ce peintre ? Il s’est tué, il n’y a pas dix ans d’ici…»

le paquet est arrivé fin juin, il venait de Paris – je les avais moi-même apportées pour qu’on les réunisse d’une minuscule soudure d’or – microscopique – nous avions les mêmes, lui avec mon prénom gravé à l’intérieur, moi avec le sien – et la date de notre mariage – j’ai ouvert le paquet, quelque chose de merveilleux, je les porte à ma main gauche

c’est une carte postale, elle vient de Venise, elle vient de Mario, je l’ai reçue il y a longtemps et je l’ai posée glissée attachée au miroir de la salle de bain, ici, je veux bien la décrire mais elle est comme toutes les cartes postales de Venise, on y voit le Campanile et le palais, au fond on décide que c’est la basilique, le ciel est bleu comme le grand canal et toutes les constructions sont dans un ocre doux et tendre – on en voit les reflets ou on les discerne ou on les imagine ils sont là, c’est le ciel qu’on ne peut pas vraiment déterminer exactement, il n’a pas l’aspect qu’on voudrait lui voir prendre, il a quelque chose d’un peu décalé, mais ce ne sont pas des taches pourtant – c’est l’eau aussi et les reflets, il n’y a pas de bateaux ou alors ce sont ces tout petits traits beiges un peu foncés qu’on décèle en regardant de près-mais en regardant de près on perd tout de ce tableau

j'ai vaguement essayé de poser les images qui correspondent au tableaux (ou les liens qui vont vers les chansons) mais ça ne m'a pas tellement plu - de la même manière,j'ai essayé de mettre en titre disons les prénoms ou les noms des personnages qui prennent ici disons la parole, dans cette histoire, mais ça ne m'a pas plu non plus - il sera toujours temps : ce qui ne me plaît pas non plus c'est que ça fait un peu "à clé" alors que ça ne le veut pas ( c'est une raison de poser des images : mais ça ne me plaît pas) j'ai vaguement essayé : sculpture; chanson; toile peinte; bijou; carte postale   

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

2 commentaires à propos de “#anthologie #28 | tentatives”

  1. Tu as vraiment essayé et je suis vraiment touchée par ces portraits, tableaux, petites histoires. J’en ai aimé la précision et leur simplicité. Leur finesse aussi, la panthère noire est magnifique et le couple mère fils voisins également. Merci pour ce moment de lecture dès le matin, Piero.

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