#anthologie #26 | le réveil

C’est son souffle sous la couverture tirée sur sa tête qu’il entend, qu’il veut entendre, alors il inspire plus fort, il souffle fort aussi, il aimerait que ce soit lentement, contrôler son souffle mais ce sont des sanglots sourds et silencieux qui viennent et secouent ce souffle qu’il amplifie entre ses lèvres entrouvertes pour couvrir le bruit des voix qu’il entend, qui l’ont réveillé, dont il ne comprend pas les mots, pas tous les mots mais certains, plus forts peut-être ou plus violents, ces mots qu’on se jette à la figure pour blesser ou faire taire, ce qui revient au même, il ne les comprend pas tous mais il saisit leur force destructrice, leur ton, leur rythme, leur superposition, leur intensité, c’est ça qui l’a réveillé, comme dans un cauchemar quand le ton monte, que les voix s’élèvent, menaçantes, mais les mots étaient en dehors du rêve, dans la cuisine peut-être ou dans le salon ou dans la chambre des parents, il ne veut pas savoir, il retire les mains de la couverture qu’il serrait au-dessus de sa tête, il se bouche les oreilles avec les index, les mains serrées autour des joues et il souffle, il sanglote, il pleure enfin, il pousse ses doigts contre ses oreilles, il crie.

Il n’entend plus que son cri.

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