#anthologie #25 I odeur … vous avez dit odeurs?

Comme pour la musique, les odeurs ont envahi l’espace public. Odeurs d’ambiances, parfums corporels, déodorants et désodorisants. Comme pour la musique, elles perdent de l’attraction par leur banalisation. En été, enfant, je savais qu’il y avait un figuier à proximité avant de l’avoir vu. Maintenant j’ai l’impression qu’il y a des figuiers jusque dans les toilettes.

Pourquoi supporte-t-on certaines odeurs et pas d’autres ? Est-ce hormonal ? Quand j’étais enceinte, le premier signal de mon état était l’odorat. Il avait quintuplé et je ne supportais plus certaines odeurs. Celles des parfums citronnés par exemple ou celle des fromages qui puent

Il y a une mode des odeurs comme il y a une mode des couleurs. Mon enfance a baigné dans celle de la poudre de riz – odeur à tendance vanillée – et celle de la lavande. Mes enfants ont subi avec plaisir l’odeur des roses, depuis celles du jardin à celles qui ont servi aux parfums corporels, eau de rose et autres…

La culture intensive impose des odeurs naturelles qui sont elles aussi envahissantes. A proximité des magnifiques champs de colza relevant de la peinture des Fauves, une odeur entêtante me soulève le cœur. L’élevage intensif de même… le purin épandu sur les champs parfume le linge séchant dans le courant des vents.

Dans la cuisine les odeurs marquent des âges. Enfant j’aimais l’odeur de la friture, celle du pain frais, et celle du beurre cuit. Plus tard, celle du café et celle des plantes aromatiques, puis celle des épices exotiques.

A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

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