A l’intérieur de la soucoupe plongeante. Comme dans un calamar accueillant. Allongée sur un matelas. Pour observer tranquillement en descendant
Le passage d’une strate à l’autre ne se voit pas tout de suite. La lumière traverse encore les épaisseurs bleues mais tout est doux, fluide. C’est comme une respiration. Eau aspirée, eau rejetée. On voit passer les formes vivantes et reconnaissables, le peuple des nageoires, dans son élément. On sourit, on se sent acceptés, on fait partie du tout, on flotte parmi tout ce qu’on croise, tout ce qu’on devine. On est avec
la lumière se retire lentement, sans transition. Quelque chose pèse tout autour. Soucoupe parée à toute éventualité. Son faisceau brutal, comme un appel de phares dans la nuit prend le relais et révèle des masses opaques, et des bulles inattendues, qui s’échappent de nulle part et remontent comme on fuit
on pense toucher le fond mais le radar indique que non , l’espace recherché est en-deçà. Apparitions : des filaments translucides oscillent, absorbent un éclat du faisceau et disparaissent. On voudrait se retourner sur le matelas devenu inconfortable, quelque chose d’étouffant loge à l’extérieur mais on ne reconnait rien. Là l’enroulement d’un œil qui disparait en une fraction de seconde, ou un corps dont les contours épineux heurtent les parois
un choc sourd, tout se retourne. On devine tête à l’envers une forêt aux troncs mouvants, les branches sont des bras qui enlacent l’intrus comme pour le bercer ironiquement
on touche le fond : tout s’immobilise. L’exploration n’existe plus, le faisceau diminue. La brillante passagère des profondeurs, celle qui nageait avec les dauphins et cherchait à en savoir davantage, a cessé d’émettre