# Anthologie # 25 | Odeurs ineffables

Parfum de l’avenir, l’avenir a-t-il une odeur ou ne pourra-t-il jamais en avoir ? L’avenir est constitué des odeurs qu’on porte déjà avec soi maintenant, qui se mêleront à d’autres, encore inconnues.

Le mystère pourrait-il avoir une odeur ? Une odeur difficile à saisir, qui se laisserait deviner, qu’on découvrirait à tâtons à l’aide de quelques indices hasardeux.

Et l’ineffable alors, ce qu’on ne peut dire est-il doué d’un parfum ? Serait-ce le même que celui du silence ? Le parfum de ce qu’on ne peut dire à autrui, de ce qu’on lui tait, c’est à l’autre de le sentir.

Les voix chères, que l’on reconnait bien au téléphone, ont-elles une odeur ? En reconstituant par l’imaginaire la personne dont on entend la voix, retrouve-t-on aussi son parfum ? La voix porteuse de corps, d’esprit et d’odeur. Ne sentir que par la voix, ce serait comme devenir aveugle, mais comment sentent les aveugles ?

Parfum du danger, mélanges d’hormones, d’acide, d’haleine qui se transforme, odeur âcre et pointue de l’humidité des paumes de main, de la température interne qui augmente. Un parfum de pulsations.

Odeur du temps, inaccessible passé, présent en fuite, futur inconnu, odeur du temps qui passe, du temps perdu, du temps gagné, gagné à quoi ? Odeur de l’échec, étain, fer, sel. Odeur de victoire, rose bonbon, guimauve, bouquet finale.

Odeur de l’incertitude et du doute, un parfum teinté de blanc, de gris, de nuages qui passent, effluves changeantes qu’on ne parvient pas à déterminer. Odeur trouble qui mélange les repères, qui ne dit pas son nom mais qui parfume chacun des gestes et des décisions si durement prises par l’hésitant et par celui qui doute.

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