#anthologie #25 | L’odeur: énigmes

L’odeur ne meurt pas en même temps que la personne qui la produit. Après la mort, l’odeur de la personne vivante subsiste dans sa maison, ses vêtements, ses objets.

L’énigme de ces personnes au parfum puissant, qui laissent leur sillage dans tous les étages d’un immeuble de travail, et même dans la rue après qu’ils aient repris leur voiture. N’ont-ils pas de nez ou pas assez d’incarnation personnelle pour éprouver à ce point le besoin de renforcer leur manifestation ? Ou bien y-a-t-il autre chose ?

A la découverte d’une nouvelle plante ou si je tâche de la nommer, je commence par en froisser une feuille et la sentir. J’identifie, je prends connaissance, je mémorise, je nomme, par le froissement et l’odeur.

L’odeur de certains hommes, pellicules, peau desquamant, ou sueur de très bruns, est rédhibitoire pour toute histoire d’amour, malgré l’appel de l’âme ou la puissance des connivences. Pourquoi ?

L’odeur de leur métier que certains cherchent à masquer, à moins que ce ne soit l’expression d’une marque d’élégance ? Le plombier, le ramoneur, leur eau de toilette.

Notre odeur corporelle, quand on ne la maîtrise plus, nous met immédiatement mal à l’aise dans nos relations sociales. Celle des autres aussi, à moins que notre compassion dominante nous permettent de passer outre. Pareil pour l’odeur d’un animal qui ne maîtrise plus sa toilette. Pour une compassion dominante : cheminer, cheminer.

L’étrangeté des odeurs résultant d’un mélange pas rigoureusement identique selon les lieux et les personnes, mais donnant cependant toujours le même résultat : comme l’odeur de l’ehpad.

Oui l’argent a une odeur, mettez le nez sur un tas de billets, ça pue. Amusez-vous à démêler l’ensemble des odeurs composant celle de l’argent, toujours la même, quelle qu’ait été la vie des billets. (Même processus que pour celle de l’ehpad : une addition qui, quelque soient ses composants, donne toujours le même résultat).

Les billets sentent plus fort que les pièces.

Les murs ont une odeur qui ressort quand ont ferme longtemps les portes, en enlevant les humains et les animaux. Les murs n’ont pas forcément l’odeur qu’on voudrait qu’ils aient. On n’est pas maîtres de l’odeur des murs.

Suite à tout cela je me suis parfumée : résultat je sens la cocotte pour la journée. C’est indisposant de perdre son identité parce qu’on sent la cocotte. A quoi tient l’identité ?

A propos de Valérie Mondamert

J'anime des ateliers d'écriture dans les Alpes de Haute-Provence depuis dix huit ans, (DU d'animateur en atelier d'écriture en 2006, à Marseille), je suis prof de musique et je mêle avec joie les deux fonctions. J'ai publié des récits.

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