#anthologie # 25 | Des notes et des odeurs

La lessive « verte » mentionne sur l’emballage une espèce protégée : le manchot. On va sentir le pingouin ? Justin, 3 ans.

Dans l’appentis à l’écart du verger les clayettes surchargées de pommes de toutes variétés. Le parfum de miel qui s’en dégage. La fierté d’Adelma qui nous fait visiter son domaine.

On l’avait oublié dans la glacière. La glacière dans la chambre. La chambre dans le gîte à quatre lits. L’odeur dès l’ouverture de la porte ! Entre les champignons confinés dans un sac plastique et les pieds revenus d’une longue marche.

Il y a du concombre à manger ce midi ? Julie, dès le palier de la maison de Montsoult.

Le geste de saisir le flacon de la main droite presque sans un regard pour la place où il se trouve car la main sait précisément où il se trouve et appuyer deux ou trois fois délicatement sur le piston. Se sentir soi.

Dans la vitrine, dorées, orangées, parsemées de grains de sucre translucide. Cet arôme  subtil qui embaumait. Oublié l’époque où on en achetait. Probablement à l’automne, au temps des courges.

L’odeur des retrouvailles : « je t’ai reconnue à ton odeur… la même que quand j’étais petite fille ».

Pelle et fourche en mains, il fallait un peu de courage pour affronter les effluves tenaces  du crottin noir, luisant. En quelques brouettées on avait terminé le nettoyage, garni la clède de bonne paille séchée, aux parfums de l’été, accroché la pierre à sel sur son clou, et c’était reparti pour quelques semaines.

L’odeur des herbes, des arbres, des fleurs, du schiste, après la pluie sur les chemins de montagne, ces effluves de terre, la fragrance exacerbée de métal et d’orage.

L’œuf cru que l’on bat frénétiquement pour le faire mousser avant de le déguster, toutes narines dehors, pain frais noyé de liquide jaune clair.

Elle disait en entrant chez lui, « ça sent l’odeur de la mort ! ».

Le fumet du civet de lièvre sur la cuisinière à bois. Le monde qui dès la porte se régalait du repas à venir.

J : Beurk ! ça pue le popsicle !
S : Ça pue pas le popsicle !
J : Ça sent le popsicle qui pue.

A propos de Marlen Sauvage

Journaliste longtemps. Puis dans l'édition. Puis animatrice d'ateliers après une formation Elisabeth Bing et DUAAE à Montpellier. J'anime encore quelques stages d'écriture, ai contribué aléatoirement au site des Cosaques des frontières, publié quelques livres – fictions et biofictions – participé à plusieurs ouvrages collectifs. Mon blog les ateliers du déluge.

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