Picabia avait peint à ta naissance un tableau de points, comme des bulles de rêve : À l’âge de L’or, c’est le titre. Il fait plus de quarante-degrés à l’ombre, Laure s’est endormie assise-couchée dans le sofa, jambes ouvertes, la sueur perle sa peau et marque l’étoffe de sa robe; un bras pend – je me souviens à présent–, comme la main tient le livre; la main endormie de Laure ne s’est pas ouverte, pas encore, les mots n’ont pas glissé de sa paume ; l’autre bras replié soutient la tête. Laure dort. Je vois tes cheveux blonds dénattés – demain tu les couperas sur un coup de tête : demain c’est encore loin. Je me souviens de ta voix le disant, rieuse, et encore que tu ne mourrais pas: Jamais tu avais dit . Laure tu dors, tu rêves encore. Les mots du livre montés en toi font comme des bulles et ils éclatent au bord de tes lèvres: tu rêves et rêvant tu murmures. Tu ne sais pas encore, ni qui tu es. Tu dors. Comme le meunier de la chanson, Laure. La pièce maintenue dans l’ombre te soustrait au blanc brûlant, quand dehors il neige des cendres. Moi, Laure, je regarde à la lisière de ton sommeil, je prends mes craies et je te dessine sur le mur. Laure dormant, c’est le titre.
… de la peinture au dessin à la craie… toute une oeuvre, toute une vie qui passe et passe le relais.. texte aussi court que fort. Merci!
le dessin comme témoin
émue Nathalie
Très très fort ! Une peinture sous le clavier ! « La pièce maintenue dans l’ombre te soustrait au blanc brûlant, quand dehors il neige des cendres. » c’est magnifique, et la chute plus encore… Merci !
Ève, Brigitte, Marlen merci de vos passages et retours
Très beau. Merci Nathalie. Désirs de dessins.
Ça fait longtemps que je n’étais pas venu te voir. C’est toujours aussi beau. Bravo.
Magnifique et les mots n’ont pas glissé de sa paume, j’adore
Bernard, Catherine, touchée merci
C’est magnifique Nathalie ! « Les mots du livre montés en toi font comme des bulles et ils éclatent au bord de tes lèvres: tu rêves et rêvant tu murmures. » / « La pièce maintenue dans l’ombre te soustrait au blanc brûlant, quand dehors il neige des cendres. » Un texte qui tisse sans arrêt les regards, les arts, Un texte qui berce et puis nous surprend, au détour d’un rythme différent de la phrase ou d’une image énigmatique quasi onirique. C’est extrêmement dense. Bravo !
Laure est revenue dans le souvenir, ce que l’atelier remue. Merci Emilie de ta lecture