#anthologie #18 | photos

Pochette verte à photos
Livrets de famille, cartes d’identité, carnets militaires, actes de décès, lettres, photos d’identité, photos de mariage, photos de repas de famille, peu nombreuses finalement, venues d’un temps où l’on ne possédait pas soi-même un appareil photo. Des traces à partir desquels reconstruire des vies avec des mots. 

Photos fétiches
Inamovibles, rassurantes, sacrées.

Photos volées
Celles-ci n’existent plus que dans la mémoire, images mentales, images pourtant, à décrire pour le cas où un jour la mémoire ferait défaut. Les mots comme une sauvegarde supplémentaire, un disque dur externe. 

Photos transportées
Celles qu’on porte toujours avec soi, dans un portefeuille, un porte-monnaie, une trousse  en tissu. Au fur et à mesure des années le contenant a changé, du cuir au tissu, les photos se sont un peu abîmées, mais toujours là, à portée de main, au travail comme chez soi, dehors comme dedans, en France ou à l’étranger. On ne les regarde plus. On les porte avec soi. Les transporte. 

Photos réclamées
Celles qu’on voudrait, celles qu’on sait importantes, celles que nul ne fait. Celles qu’à défaut on trace avec les mots.

Photos pour rien. Un rien pédagogique.
Photos par wagon, photos  prises parce que nouveau, parce que première fois, Big Ben, Tower Bridge, la relève de la garde, Westminster Abbaye, se méprenant sur le sens du geste. Compréhension rétrospective, quand trop tard, quand ce qui fut n’est plus, l’évanescent, le vivant, nous enfants, vous jeunes, et que de Westminster, Big Ben, Tower Bridge les livres, les sites internet, regorgent. 

Photos mal prises
À la va-vite, photos de fête,  de journée en famille,  où chacun bouge, parle, sans cadrer, sans prendre le temps, clic clic continue de faire l’iPhone pour se faire passer pour un appareil photo, photos nombreuses. Retrouver à l’occasion un geste, une mimique, un vêtement, pas pris intentionnellement mais qui, en marge, rappellent, reconstruisent un présent. 

Trombisnoscope
Photocopie, ciseaux, colle, stylo, chaque année, à la main, fabriquer le trombinoscope de chaque classe à partir des photos de classe de l’année précédente. Ne plus avoir à demander aux élèves une photo d’identité pour le constituer. 

Photos des personnels
On  s’installe tous dans la cour ou sur le double escalier, on sourit, beaucoup portent encore des nus-pieds, des robes ou des chemisettes d’été, les élèves ne sont pas encore rentrés, il n’est pas besoin de jouer au professeur, au proviseur ou à la secrétaire. Allez souriez. Souriez tant que vous voulez mais ne comptez pas sur moi sur votre photo. 

Photos de mariage ou du danger d’avoir des amis artistes. 
Des chaussures laissées dans l’herbe, des pots de géranium, des enfants se battant à coup de tournesols, des mains, des pieds, un chien, mais des mariés ensemble nulle photo. 

Photos en guise de photocopies
Photos de relevés de notes, d’ordonnances médicales, de noms de rue où la voiture est garée, de cartes vertes, de cartes d’identité de toute la famille, de RIB. On puise dans le fichier du téléphone en cas de besoin. 

A propos de Betty Gomez

Lire certes, mais écrire...

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