#anthologie #11 | du monastère jusqu’à la nuit

du monastère jusqu’à la nuit je devais presser le pas, longer le chemin forestier Il m’a semblé qu’en suivant la corniche verte en tunnel, la forêt tombant sur la route à gauche retenue par les cercles barbelés j’aurai tout de même le temps Au dernier tournant pourtant, avant un seuil comme une porte sur un feston doré de feuilles, j’ai été arrêtée sous le vol des chauves-souris qui m’accompagnaient me suivaient d’abord une ou deux, elles étaient maintenant une dizaine, dessinant sur la voûte des géométries rapides et superposées, mais toujours s’élançant vers la lumière et s’arrêtant net, revenant comme me chercher mais aussi parfaitement indifférentes Et la forêt qui coule à droite abrupte dans un éboulis de feuille et de branches jusqu’aux premières maisons du village Comme je m’arrêtais sur le reflet de la vieille lumière municipale sur la route mouillée, retenue en attendant le contraste de l’ombre malgré la nuit qui venait, elles ont disparu d’un coup, je levais la tête les cherchais il n’en restait aucune, je me suis remise à marcher, passant le seuil D’un coup tout le rouge a surgi dense, douloureux et triste sur la mer apparaissant sous la flèche de la Vierge