Pour me remémorer la rue que j’ai arpentée menant du Grand Almira Hotel à l’endroit où je prenais mon take away, je me suis amusée avec google street view. Il y a ce dont je me souviens de plus en plus difficilement. Il y a les photos de google qui datent de juin 2022. Il y a ce maintenant de la rue auquel je n’ai pas accès. Je ne suis plus à Istanbul. Je suis en Guadeloupe à la campagne entre ma voisine qui fait des confitures et a pris en stage une jeune fille à la tête toujours baissée et le restaurant de Denis qui est fermé le mardi. La jeune fille fait le va-et-vient entre le bassin des amours à trois minutes et la petite fabrique de confiture en face de chez moi pour ramener des clients. Denis n’a pas besoin d’aller chercher des clients. Son restaurant est au bord de la rue tandis que ma voisine et moi sommes de part et d’autre d’une allée sans issue bordée de crotons. Elle a pourtant mis un grand panneau à l’entrée de la petite allée. Il est peu lisible et il n’est écrit nulle part qu’elle vend des crêpes et des confitures avec dégustation gratuite. C’est ma rue. Elle n’a pas de nom parce que c’est une route départementale en pleine campagne qui mène à Trois-Rivières. Ce qu’elle a de remarquable c’est les deux cascades d’eau des sources de Dolé qui se déversent dans un canal le long de la route. On peut les voir sur des cartes postales anciennes. Le paysage n’a pas changé. Je ne suis pas venue souvent à Dolé avant de m’y installer. Je me suis d’ailleurs perdue quand je suis arrivée à Basse-Terre il y a sept ans. Une amie m’avait invitée à la rejoindre au bassin et nous avions du tourner beaucoup, passer je ne sais combien de fois devant l’usine de Capes Dolé avant de repérer l’entrée du Bassin des amours qui est mal signalé. Maintenant je suis chez moi. Je ne peux plus me perdre.
Lieu mémoriel : Istanbul / lieu réel : Dolé ? 😉
Ou l’inverse ?