vous aimez les histoires ? et aussitôt le temps s’étale comme une flaque se transformerait en un lac et la question ricoche sur l’eau sans provoquer le moindre mouvement de la surface et cette absence d’impact … quelque chose de triché, un manque … vous aimez les histoires ? la vibration même du mot his jeté dehors comme montrer du doigt toire tout de suite on en à plein la bouche il faut mâcher et remâcher on ne peut échapper la plongée vers le grave de l’intérieur … des sensations dans votre corps ? quel endroit de votre corps ? on ne vous entend pas … vous aimez les histoires ? du début à la fin on vous en raconte des histoires, peut-être que c’est toujours la même, la seule qui compte, celle à laquelle vous ne comprenez rien … la surface lisse du lac, le temps, lisse comme la belle lisse poire du prince de Motordu, on l’a tellement lue et relue, assise sur le lit d’enfants attentifs, éclatant de rire à chacun des jeux de mots… vous aimez les histoires ? quelle importance ? on n’est pas obligée d’y croire, ce ne sont que des histoires et si on change juste un élément, la couleur du ciel ou l’heure d’arrivée de la femme au long manteau alors une autre histoire, retournement de situation, décalage du point de bascule, ramifications… on avance avec sa propre histoire, sans réponse, sans demander la permission … des chemins tracent d’autres chemins, si on dit oui, si on dit non, pour quelle fin ?… vous aimez les histoires ? on se penche vers la fleur de marguerite, son gros coeur jaune happe tout le soleil de la montagne.
