#anthologie #14 | On n’est plus chez soi

On n’est plus chez soi. Pas plus tard qu’hier, je sors de mon bain, et voilà qu’un turc me tend ma serviette

On n’est plus chez soi. En voilà un autre, mais plutôt chinois, qui émerge essoré du tourbillon de mon évier

On n’est plus chez soi. Flairant sa pâtée, mon chien Astérix, qui fréquente mal, m’a informée avec des airs – c’était à prendre ou à laisser – qu’il désirait manger kasher

On n’est plus chez soi. Les murs de mon appartement chuchotent dans mon dos dans une langue étrange aux accents orientaux

On n’est plus chez soi. Ma langue leur répond à mon corps défendant et sur un ton complice des choses que j’ignore, mais mon corps semble au fait et me mène hors les murs. Me voilà à la rue, et la porte qui claque.

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