#anthologie #18 | mal les yeux

Rollei B 35 Le plus petit des boitiers n’échappent pas aux yeux des gardes du corps de l’homme qui sort d’une Mercedes immatriculée à Naples. Les dockers de la CGT protègent ma fuite. La photo sera publiée.

Yashika 635 Toutes brulées, une par une, au bord d’une route, dans une grande boite métallique de biscuits. Elle ne voulait pas que je les conserve.

Smartphone De dos seulement ou alors cachée derrière tes mains. Je ne veux pas voler ton image. Tu es en moi. Dénier ta beauté est inutile.

Malbum insupportables traces de vies possessives : le mariage, le voyage, la naissance, le chien, le chat, la voiture, l’appartement, les meubles, l’enfant.

En bouteille libérer des silhouettes dans le grand format des tirages comme le faisait André Villers à la demande de Michel Butor avec d’immenses blancs pour les écritures.

Pinces à linge suspendues et séchant, elles gardent traces des pigments dans le dégoulis du médium.

D’entre pierres les fruits aléatoires de l’écrasement de la feuille de papier humide entre deux lourdes pierres.

Elfiques les seules images qui vaillent dès la paupière fermée aux prémices du sommeil, des créatures palimpsestes loin des lumières, entre l’écorce et l’arbre, entre le monde et le moi.

A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) 42°45' N 9°27' E. Voir son blog : scriptor.

6 commentaires à propos de “#anthologie #18 | mal les yeux”

  1. c’est une très belle liste. « Elfiques » merci pour le mot et pour ceux qui le prolongent ( créatures palimpsestes…) la violence de l’autodafé des images en bord de route. Malbum c’est joli !

  2. oh oui, c’est une très belle liste et coup de cœur aussi pour ces images elfiques

  3. Merci Brigitte, Eve, Clarence, Muriel, Nathalie. Merci aussi et surtout de vos textes que je suis sans pouvoir toujours commenter parce que les journées et les nuits sont trop courtes dans cet été tourmenté.