#anthologie #18 | 8 titres et une liste

L’œil directeur
Les bandes témoin
Le polaroid gratté
La photo qui dépasse
L’image dans l’image
Lexposition lente
La radiographie du tableau
L’image partielle ou Tatiana aveugle

… la boîte noire de Vermeer ; le Leica de Michel enfouit dans le torchon à carreaux Vichy ; celui en carton : quand photographier « est un jeu d’enfant » : dépliez, coupez, collez , appuyez, souriez ; celui dit de l’espion qui entre dans la poche poitrine ; le numérique reflex avec l’objectif fixe ou le zoom; celui du téléphone qui ne fait pas dans le détail mais préfère le très proche au grand large; le polaroid avec la main qui remue l’image fantôme pour faire naitre l’image ; l’œil directeur : moi c’est la gauche ; les expressions : mettre au point en contre-jour, sous exposée et flou de bougé; le bain, le révélateur, la cuve ; quand elle dit : priorité vitesse ; dire la photo va être sur-ex et la découvre sous-ex ; quand tomber amoureuse de sa photo d’avant, de sa photo d’enfant : dans ce perdu le chercher; et l’album des jours de pluie dans la maison de ré et la question : là c’est qui? photos qui perdent leur histoire avec la succession des morts ; photos perdues qui restent en mémoire ; visages sans nom et tant de noms sans image ; photos qui se substituent à ta mémoire ; celle qui te dit : ça a été là ; celle qui masque ou magnifie ; photos montage ou retouchée ; celle qui témoigne; les Suisses de Boltanski ; les paysans de Depardon; celle du numéro de l’avant-bras ; celle de Quincy Floride devant la maison de bois ; celle de l’aïeule élevée par des Sioux ; celle du grand-père jamais connu ; de ses photos de reportage ; de les découvrir coloniales ou colonialistes ; celle colorisée au pinceau à l’origine de la légende de leur amour; de ta grand mère à vingt deux ans sur le point d’embarquer; la floue avec l’autocollant « non facturée » tellement plus intéressante que la nette facturée ; de l’images dans l’image ; dans les mains qui se tendent ; des folles de la place de mai ; sur le quai: d’un port ou d’une gare ; des bandes témoin du voyage en Pologne dans le camp musée ; et celle qui dépasse dite : du retour ( c’est une photographie de 1945 prise en Belgique je crois, elle est rangée dans la mallette du père et elle dépasse; le noir et blanc a perdu ses gris, sur les bords elle s’effrite : que des hommes en veste rayée, certains ont des écharpes. Sans doute sont-ils d’âge différent ; sans doute ils ne se ressemblent pas je ne vois que le trous des orbites et des maxillaires , noirs ); celle des enfants morts en habits de satin de l’exposition du musée de l’homme ; celle de l’éclat d’obus resté fiché dans son crâne, une radiographie? un scanner plutôt; et celle dite des cinq générations, mères et filles et moi au milieu orteils écartelés ; de l’album de théâtre : elle en Sylvia lui en toge; de la famille réunie pour un journal ; de quand nous nous aimions et tu portes une kippa ; du livre que je n’aurais pas dû regarder ; du supplice aux mille morceaux dans les larmes d’éros; de l’enfant qu’on arrête ; de Rimbaud vraie ou fausse ; de la mère sur le seuil ; d’Hiroshima sans amour; des modèles de Delacroix ou de Degas; de la petite fille aux feuilles mortes de Boubat ; du sexe flaccide en majesté dans la braguette ouverte ; des photomaton avec elle à plusieurs âges et aujourd’hui elle a trente ans ; et celles en devanture du cinéma à Rabat ; de Cinémonde ou point de vue images du monde ;  de nos spectacles dans cet escalier d’hôtel; de son sourire; et la déchirée recollée; et toi en négatif… celle de la lumière dans les traces; celle des traces dans la lumière ou photographier comme prendre note en amont de l’écriture

A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

4 commentaires à propos de “#anthologie #18 | 8 titres et une liste”

  1. … un rythme que j’ai ressenti effréné comme une course contre le temps, qui m’a poussé à lire vite alors que je voulais m’arrêter sur…des images tellement prégnantes, réfléchissantes…alors j’ai relu, plus calmement. Et savouré l’écriture. Merci!

Laisser un commentaire