Et, tu es encore amoureuse ? mais oui bien sûr répondez-vous avec aplomb. Non mais quelle question ! comment ose t-elle vous la posez ? si je suis encore amoureuse…encore amoureuse….mais oui…cela va de soi…combien d’années maintenant ? Presque une trentaine donc comment en douter ? amoureuse…oui…mais c’est-à-dire ? Comment cela, c’est-à-dire ? C’est à dire…comme…amoureuse…je l’aime, il m’aime, on vit ensemble, un point c’est tout…oui mais amoureuse encore ? encore…mais oui…je le regarde et je l’aime…je l’aime…je le connais…je le connais si bien…on pense encore les mêmes choses en même temps…je le connais…je sais lorsqu’il rentre…je reconnais son pas dans l’escalier…j’aime quand il rentre…je le connais…je reconnais son humeur…je sais ce qu’il a…je sais si ça va…amoureuse encore ? Mais enfin pourquoi vous insistez ? Oui amoureuse encore, amoureuse tous les jours. Comme au premier jour ? Non mais…bien sur que non mais…différemment…mais pourquoi me demande t-elle tout cela ? Serait-elle en train de savoir si je vais rester avec lui ? Aurait-elle envie d’être avec lui ? Mais non, ce n’est pas possible vous dites-vous, c’est votre amie, pourquoi aurait-elle ce genre de pensées. Et lui, jamais il ne serait intéressé, c’est vous qu’il aime. Jamais il ne la regarderait même si vous n’étiez plus ensemble. Et de toute façon, c’est vous qu’il aime. Il vous aime…encore…oui…il vous aime et vous vous l’aimez…pas comme au tout début…mais autrement…est-ce que vous l’aimez ? oui…et quelle sensation cela vous fait ? Je l’aime lui avez-vous rétorqué… mais alors pourquoi cette hésitation, cette petite gêne ? l’aimer…encore…non pas une hésitation … comme une hésitation sur le fait de l’aimer … vous avez ressenti un silence en vous face à la question posée. Qu’est-ce que ce mot aimer vous a fait ? Est-ce sa franchise ? Son ambiguïté ? Est-ce que la question pourrait continuer avec une autre ? L’aimez-vous encore oui mais comment ? …. Non, l’hésitation est venu avec la surprise de la question. Pourquoi vous l’a t’on demandé alors que cela fait si longtemps, ne serait-ce pas une évidence ? Et pourquoi avez-vous senti un je ne sais quoi, comme si vous étiez gênée ? Ne savez-vous pas ce que vous ressentez ? Si mais cet amour…il est à vous…comment en parler…après tant d’années…comment vous l’aimez mais quel intérêt…l’aimez-vous encore…oui, plus que jamais.
Quelle réponse magistrale… j’ai tout de suite pensé à cette chanson de je ne sais plus qui, « je ne t’aime plus mon amour, je ne t’aime plus tous les jours »… qui dit bien que l’on aime encore !
Merci Marlen, oui je me rappelle bien cette chanson, bonne journée.
…une question tellement intrusive et qui sème le trouble… merci pour la très subtile évocation des ressentis…et un texte qui ramène cette interrogation, à l’infini, sur le verbe » aimer ». Merci!
Oui c’est tout à fait cela Eve, merci.
Le point final coupe court à toute tergiversation, on sent la tension montée au fil du texte et là, on est soulagé. merci d’avoir posé la question Clarence !
Merci Cécile pour ta lecture, à bientôt.
Incroyable texte qui monte en puissance. C’est beau comment cette question se déplie à l’intérieur de celle qui la reçoit jusqu’à la fin du texte :
Si mais cet amour…il est à vous…comment en parler…après tant d’années…
Merci.
Merci de tout coeur Françoise pour ce regard, à bientôt.