#anthologie #08 | le pré

J’étais allongée dans mon lit, lumière éteinte. Une peu de lumière passait par les bords des volets fermés. On était au début de juillet, quand les jours s’étirent, gagnent sur la nuit. Les rideaux étaient tirés, la porte de la chambre fermée. Le son de la télévision arrivait étouffé depuis le salon au bout du long couloir. Les parents avaient fermé les portes vitrées du salon pour ne pas déranger notre sommeil. J’avais posé mon livre et m’apprêtais à dormir quand j’entendis un son qui venait de la penderie. Un bruit de vent emprisonné. Les battants de la penderie se mirent à trembler. J’observais les portes  blanches aux moulures en plâtre, de simples portes de placard décorées, pour faire oublier ce qui n’était qu’une penderie murale, un espace laissé vide pour ranger souliers et vêtements suspendus à une tringle. Espace étroit où je m’étais cachée bien souvent quand on jouait à cache-cache, ou enfermée pour regarder la lueur fantomatique de la vierge fluorescente achetée à Lourdes. Mais les portes battaient, comme secouées par une tornade. Un mugissement  sourd. Je me levais, et les pavés étaient étrangement tièdes sous mes pieds nus. Je tournais la clef ouvragée, ouvrais le battant de droite. Le bruit venait de la gauche, du fond de l’armoire. Mon manteau en velours était là, à sa place, comme les pantalons à carreaux. Je me hissais sur la pointe des pieds et abaissais le loquet qui descendit  sans forcer, comme s’il était mû par sa propre  volonté, accompagnait, aidait mon mouvement, le prévenait même. Je tirais vers moi le battant de gauche. Les robes d’été, les robes longues et fleuries, voletaient sur leurs cintres en bois. La penderie était sombre mais on apercevait une lueur au fond du placard. Je m’avançais, et je le reconnus le chemin qui mène au pré. 

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