#anthologie #05 | La casquette orange

Boulotte et pas bien grande. Très jeune aussi. Juste ado. Une silhouette lourde à porter. Tout est de trop, les seins qui pointent, les bras tout ronds, le ventre qui déborde, un peu, ça tremble, sautille, danse quand elle danse. Parce qu’elle danse, elle sautille, elle virevolte. Elle est lourde, mais pas tant que ça. Elle court au milieu des copains, elle rigole, elle plaisante, toujours de bonne humeur. Elle est en vacances. En short, ça cisaille un peu les cuisses, tant pis, elle aime mettre son short, son débardeur, ça lui plaît, son trop de poids ne lui pèse pas, elle s’en accommode. Toujours de bonne humeur. Elle fait comment ? Pas peur d’être jugée, traumatisée, pas froissée, bonne copine parmi les copains, toujours devant, elle entraîne, elle anime, c’est la leader, la meneuse, on la suit, elle y arrive.  Toujours de bonne humeur. Optimiste. Tout va bien. Peut-être quelques larmes quand elle est seule ? On ne saura pas. Un essai de régime ? Bof, trop compliquée. De toute façon, ça va, elle n’est pas malade, elle va bien. Elle se régale. La vie est belle, on chante, on danse, on court, on profite. Elle enfonce sa casquette orange sur sa tête et file au concours de fléchettes.

A propos de Monika Espinasse

Originaire de Vienne en Autriche. Vit en Lozère. A réalisé des traductions. Aime la poésie, les nouvelles, les romans, même les romans policiers. Ecrit depuis longtemps dans le cadre des Ateliers du déluge. Est devenue accro aux ateliers de François Bon. A publié quelques nouvelles et poèmes, un manuscrit attend dans un tiroir. Aime jouer avec les mots, leur musique et l'esprit singulier de la langue française. Depuis peu, une envie de peindre, en particulier la technique des pastels. Récits de voyages pour retenir le temps. A découvert les potentiels du net depuis peu et essaie d’approfondir au fur et à mesure.

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