seul ce n’est pas se ressourcer aujourd’hui après tant de contacts
de paroles de tentatives de convaincre c’est tout sauf le calme seul c’est un silence qui bourdonne seul c’est la Baie de Victoria Harbour qui se déploie sous ses yeux une vue sublime qu’il contemple seul c’est la perspective des cinquante ans demain seul c’est ce pincement au cœur quand il pense à Jozua seul et isolé depuis quelques jours seul il perçoit la distance que les autres dressent entre eux et lui ceux qui l’abandonnent à son projet seul avec tant de doutes qui l’assaillent seul se demandant si Jozua a vraiment tout fait pour venir seul repensant aux personnes qu’il a filmées seul se demandant s’il ne les a pas mises en danger seul dans le silence du Peninsula seul parmi d’autres seuls seul c’est une vitre entre son corps et le vide seul c’est un vertige qui le traverse seul c’est un sentiment diffus d’inquiétude seul et inutile à ses propres yeux seul avec l’idée de se secouer seul en regardant les rushes des derniers jours seul en se demandant s’il aura toute latitude pour terminer son film seul sans savoir qu’une dizaine de focales le surveillent seul la tête sous le jet glacé du robinet seul avec la volonté de se ressaisir seul avec l’idée d’aller promener sa solitude dans les îles seul en regardant les sillons croisés des ferrys sur la mer
Beaucoup d’air et des visions dans ce texte, très filmique et pas seulement car on parle de cinéma. L’anaphore du seul fonctionne bien, ça donne du rythme, un rythme incantatoire. Je relis le texte en l’enlèvant et c’est aussi un texte intéressant, plus resseré…Merci.
Merci beaucoup Anna pour votre lecture active. J’ai relu aussi mon texte en enlevant seul ou la plupart des « seul », ça ouvre des perspectives. Encore merci !