#anthologie #12 | une histoire de ponts

Direction San Franisco .Huit heures de vol, atterrissage… Des ponts, toujours des ponts. Une histoire de ponts. Et si on y allait, à vélo ! Impossible, trop peur. Pas dormir pendant des nuits. Si je fais ça, je peux tout faire. Direction : le loueur de vélos. Régler la selle, le guidon, le casque, un plan. Une fois partie, il faut revenir. La traversée  de ce pont suspendu est un défi à l’humanité : c’est aller-retour ! Impossible trop peur. Devant le pont en fer rouge, immensément long ,trop haut, vertige des profondeurs. Trop de vélos.Trop d’enfants. A droite, voitures. A gauche, camions. Regarder droit devant. C’est tout. Fixer le bout du pont. Se rapprocher enfin et se faire confiance. Se dire que c’est une fois dans la vie. Regarder droit devant. Obsession. Il fait beau, pas soif, pas faim. Pas de douleur. Juste le bruit doux de la chaine à vélo qui m’emmène au bout du pont. C’est même bon, c’est même très bon.

Je montrai bien dans le 28 pour la traversée de Lisbonne. Ça monte, ça monte. Le tramway fait le job depuis 1908 , je pourrai lui faire confiance… mais on ne sait jamais. Et si juste , le câble cédait…j’ai l’habitude de compter sur mes jambes mais là, je n’ en peux plus ; la chaleur… et se dire que je suis venue jusque-là… poussée par la curiosité , j’ oublie ma soif , j’oublie mes jambes enflées , j’oublie mon dos courbé sous le sac à dos , et en avant , je veux voir les murs de Street art, c’est marqué dans le guide. C’est bon ça  sonne, ça roule, ça grimpe . Soulagement . On y arrive, mes yeux  s’embrasent. Je le savais . Les couleurs du sud sont merveilleuses , les couleurs de la révolution. De l’amour , du sexe . Les artistes sont tous là. Dans une extrême liberté. Il fait frais là-haut. L’air est pur. L’inspiration aussi . Le Fado, la nature luxuriante, toutes les espèces de fleurs et d’arbres. Je n’ ai jamais vu de couleurs pareilles sur ces tableaux grandeurs nature . Et là ,  devant moi, un mur, l’artiste a peint  mon histoire de ponts, les deux frères, celui de San Fransisco et celui de Lisbonne , mes deux ponts rouges plantés aux dessus des eaux, je tourne la tête , et je l’aperçois du haut de cette colline . je redescends , une envie irrésistible de le traverser….

C’est bon, je monte dessus . C’est le bac pour rejoindre l’îIe  Machefer à Saint Maur des fossés.  Cézanne s’est posé là un jour . Il a peint , ce petit pont de bois au milieu d’un bois . Des arbres ,  des bouts de ciel bleu,  l’ eau et ce pont  mangé parle temps et l’humidité qui s’y reflète. La traversée, qui s’y risquerait ? Cézanne s’y risque lui, à le peindre . Il y convoque tous les verts de la planète. Tous ses bleus. Il fait un peu frais dans ce tableau. C’est calme. L’eau s’écoule tranquillement. Silence et froissement de feuilles. Froissement du pinceau sur la toile.  J’y suis. Je l’ai retrouvé. Il est toujours là ce petit pont. C’est grandiose. On est en automne , je ne retrouve aucune des couleurs du tableau. Je m’installe. Mon bloc , mes aquarelles . Cézanne avait raison , ce lieu est magique.

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