#Anthologie #11 | Retour à Séville

Notre bateau va enfin toucher au but son balancement son roulis sa vitesse ralentissant considérablement à l’approche de Sanlucar J’entends le claquement des voiles dans le soir tombant les secousses dues aux manœuvres de l’équipage lentement la nuit s’installe sur la côte que je devine Je suis monté sur le pont pour m’assurer que je ne me suis pas trompé que cette fois c’est la bonne nous allons bientôt toucher terre Enfin le bateau qui nous ramène des déserts lointains a tenu bon Je n’arrive pas à distinguer la côte la mer étale couleur d’encre profonde la végétation sèche en cette période de l’année tout ce confond dans la nuit noire La force me manque Mes yeux mon front se contractent pour discerner les rives pour retrouver les signes de ma ville Remonter le fleuve le grand fleuve le Guadalquivir se couler dans ses eaux larges aborder les zones marécageuses de Doña Ana sentir les échassiers trempant leur long bec dans les eaux saumâtres à la recherche de nourriture Les images de mon départ pour le Vice-royaume de Santa Fe me reviennent par vague par vaguelette mon corps est épuisé je ne vois rien Au loin je devine l’entrée de la ville andalouse gardée par la sentinelle trapue de la Tour de l’or Petite lumière qui clignote telle un phare dans l’océan de malheurs que je viens de traverser Je reviens ma ville tel l’antique Caron conduisant sa barque des morts jusque sous le pont de Triana

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