#anthologie #07 | là où il n’y a plus de fenêtres

28 juin 2024

Contraste marquant entre la lumière de l’extérieur et celle de l’intérieur. Guerrière d’un côté, telles les Femen, rayons du soleil pointant la haie de leurs petites mains. Timide et bien rangée de l’autre, tels des gamins quand vient la fin de la récréation – entendez-vous le rebond du ballon bleu dans le soudain silence qu’ils laissent derrière eux ? voyez-vous la poupée Barbie, nue, cheveux blancs en pétard et jambe disloquée sur le bitume ? ajoutez du brouillard, qu’est-ce que ça change ? – Depuis la baie vitrée, le carrelage gris anthracite se recouvre d’un voile de luminosité. Dégradé qui s’estompe à l’approche de l’unique table de l’appartement, là où il n’y a plus de fenêtres. Et là où il n’y a plus de fenêtres, il reste la lueur – la lueur du petit bateau sur la mer dans la nuit noire, la lueur du petit réchaud sur lequel on fait réchauffer des haricots verts de la veille sur la mer dans la nuit noire, la lueur des petits orages sur la mer dans la nuit noire, la lueur des petites plaintes du saxophone sur la mer dans la nuit noire – La table est coupée en deux. Sur une première moitié, une nappe – orange vif, apparence bohémienne – apporte une touche estivale, même l’hiver, et allège l’obscurité de la pièce. Espace dédié à la vie personnelle – manger, plier du linge, accueillir un ami – Sur l’autre moitié, pas de nappe, seule la teinture noire du matériel informatique et un stylo à paillettes dorées qui accroche l’œil. Espace dédié à l’écriture.

A propos de Annick Brabant

Revenir à l'écriture, nouveau chapitre, tenir, le vouloir si fort, tiendra !

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