Je m’en mêle, les retrouver au fond du sac, à l’aveugle, en marchant, le regard à l’horizon et la main qui s’enfonce dans le sac, sprofonda, mon épaule qui remonte et mon corps penché de travers, suivre le fil dans les interstices entre les livres et les cahiers, imaginer les objets qui font obstructions et que j’ai oublié, le sachet de madeleines, le foulard, le portefeuille, trouver un bout d’auriculaires, tirer un fil pour les sortir, mais quelque chose résiste toujours, prise dans les fils des auriculaires, la gourde peut-être, ou les clés, et mon bras se penche de plus en plus, je fais de la place, parfois je sors un objet et là ça passe, je tiens le fil maintenant, je le remonte, je les libère. Mais c’est une boule de fils. Les auriculaires, je les défais tout le temps, en faisant passer leur bout à travers la pelote des nœuds et encore une fois et une fois encore et je continue à marcher et à soulever mon regard à l’horizon aussi. Je m’emmêle avec tous ces fils, et mes pensées aussi s’emmêlent avec les fils des auriculaires, tout devient intriqué, étriqué, les auriculaires il faut les libérer tout le temps, j’emmêle les fils qui font encore des nœuds, je marche vite avec ce fil blanc dans le main, c’est un défi, me dénouer en dénouant les fils, dans cette blancheur des fils. Je les allonge, ils allongent mes bras, ils allongent mon dos, je relie le fil à la source et je marche en ville avec le reste du monde dans les oreilles.
Bravo. Mais oui, c’est exactement ça, ces fils indisciplinés et même parfois j’oublie qu’ils sont encore dans mes oreilles.
Merci Isabelle! Et oui, on les cherche partout!
Superbe ce rapport corps-objet !
Et, tout au long de votre texte, l’intrigue, on veut savoir, l’objet, l’issue.
Bravo !
Merci Annick, il faudrait aller plus loin à chaque fois!
Superbe cette évocation du corps à travers l’objet qui résiste. Et puis la chute et cette phrase : « Je les allonge, ils allongent mes bras, ils allongent mon dos, je relie le fil à la source et je marche en ville avec le reste du monde dans les oreilles. » Le corps qui se déploient en prime !