Il y a de rares moments dans la vie où on réalise mal qu’on peut choisir sans pour autant contrôler quoi que ce soit. C’est ce qu’on pourrait appeler un paradoxe tant qu’on ne se retrouve pas au cœur d’une de ces situations. Car au milieu même, au moment même, tout s’éclaire sans mots, ou au-delà des mots.
Fermée. Tu dors, sûrement. Je ne t’ai jamais entendu dire qu’il ne fallait pas te déranger quand tu te renfermais là, à qui que ce soit. Pourtant, toujours, gardienne, j’aurais toujours empêché jusqu’à l’air de traverser cette magnifique promesse, souvent blanche, pleine de possibles, pleines de tois potentiels. Je n’ai même pas une image de toi fermant la porte, pourtant j’essaye de l’imaginer. J’entends la porte se fermer par contre, toujours. Même doucement, elle claque. Elle sourde l’interdiction. Elle supplie le repos. Elle hurle l’isolement impossible et pourtant toujours tenté. Je sais que tu dors derrière cette porte. Mais le dire, l’écrire, rien ne s’approchera jamais assez de ce qu’en j’en ressens dans le temps qui s’arrête, et attendre toujours qu’il reprenne son cours. Dans cette parenthèse enchantée, tout est possible.
5 portes
« Nous sommes transportés dans une autre dimension, une dimension faite non seulement de paysages et de sons, mais aussi d’esprits. Un voyage dans une contrée sans fin dont les frontières sont notre imagination : un voyage au bout de ténèbres où il n’y a qu’une destination : la quatrième dimension. »[1]
Il suffisait qu’il apparaisse pour que cette porte apparaisse aussitôt. Ce n’est pas une porte ordinaire. Elle est à la fois invisible et présente dans chaque élément de l’environnement direct privant l’accès à quoi que ce soit de Réel à Elle. Physique, mental, expérimental, etc. Plus rien ne pouvait pénétrer l’espace que cette porte dessinait entre Elle et ce qu’Elle voulait. Réduits à la fonction de témoins, les murs, physiques eux, les meubles, les enfants, les plantes, les animaux n’étaient tolérés qu’en silence. Un silence d’autant plus marquant que le moindre éclat sonore était lasérisé d’un regard et néantisé instamment. Quand Il repartait, une autre porte, à peu près de même nature, apparaissait. A peu près parce qu’elle laissait passer toutes les mélancolies uniquement dans un sens, d’Elle vers l’extérieur. Ce qui fait que les murs, les meubles, les enfants, les plantes étaient tous recouverts d’une espèce de suie noire qu’il ne fallait surtout pas essayer d’enlever par soi-même. Il fallait alors attendre qu’une pluie étrange vienne nettoyer ce manteau noir.
Une nuit. Un hôtel près de la gare. Moi au bureau du Night-Auditor en train de réviser mes cours de civi(lisation) G(reat) B(ritain). J’ai oublié de verrouiller la porte vitrée automatique. Pour le moment je ne le sais pas encore. C’est quand elle s’ouvre seule que je m’en rends compte. Un frisson de l’air comme dirait l’autre. De la peur, certainement. Je sens/entend quelque chose. Que faire ?
« -Bonsoir, Monsieur, Madame… »
Parce qu’un genre s’entend mal, j’ai préféré assurer.
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Quatri%C3%A8me_Dimension_(s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e)
On entre dans une nouvelle dimension. On te suit les yeux fermés ( enfin juste assez ouverts pour te lire)
ah…les yeux-mi-clos, j’aime l’idée…ça me change de l’image de borgne…